Quel avenir pour l’école ?
Nous vivons « une époque formidable » comme le stigmatisait déjà Gérard Jugnot dans son film sorti en 1991. (oui, je suis de cette génération). Nous vivons en tout cas une époque mouvementée et pleine de changements, nous ne pouvons pas le nier. Dans le cadre des évolutions actuelles, je pense que ces changements risquent d’affecter grandement l’école. Les récents événements me font penser qu’une (r)évolution de l’école est en train de se profiler. En tout cas de l’école républicaine telle que nous la connaissons depuis 150 ans : publique, laïque et obligatoire. Et sous-entendue gratuite, parce qu’avec l’obligation, avait été instituée la gratuité. Alors, quel avenir pour l’école ?
Vers une autre école ?
Pour de multiples raisons, vous vous dites certainement que cela n’est pas possible. D’une part parce que l’école cela fait 150 ans que l’école n’a presque pas évolué. D’autre part, cela bouleverse tous nos repères. Alors, comment envisager l’école de l’avenir ?
Le constat.
Je n’aurais pas pu écrire cet article, il y a seulement quelques semaines, tellement la probabilité d’une autre école était quasiment impossible. Pourtant, les derniers événements liés au coronavirus sont d’une telle ampleur qu’ils sont venus bouleverser notre vie quotidienne dans bien des domaines. En particulier, la période de confinement qui a entraîné, de fait, la fermeture de toutes les écoles pendant presque deux mois.
Le test du confinement
Tout le monde en France et dans de nombreux pays ont pu dûment constater la fermeture effective des écoles et de tous les lieux publics pendant la période de confinement. Je laisse à d’autres l’évaluation de la légitimé et de l’efficacité de cette mesure. Toujours est-il que pendant près de 6 semaines, les enfants, comme les adolescents ne sont pas allés à l’école. Et l’on ne peut pas vraiment appeler cela des vacances, car ces enfants, comme leurs parents, n’avaient pas le droit de sortir et étaient enfermés chez eux.
L’enseignement pendant cette période :
La plupart des enfants du primaire n’étaient pas totalement coupés de leur école. Pour le moins ceux qui sont équipés d’ordinateurs et d’internet. Les maîtres sont restés présents et donnaient des leçons et des devoirs, quand ce n’était pas des cours et des interrogations en visioconférence.
C’était d’ailleurs le cas pour notre fils Scooby-Doo de 10 ans. Mais il faut bien reconnaître que son attention était difficile à mobiliser. Comme il est normal quand on fait l’école à la maison. Nous avons déjà pu le constater, et nous renvoyons sur notre expérience pour ceux qui ne nous connaissent pas et que cela intéresse.
Le début du déconfinement
Mais la fin du confinement n’a commencé que très progressivement à compter du 2 mai, et notre fils a repris l’école seulement à compter du 22 juin. Ce qui est le cas de nombreux de ses petits camarades, et de la majorité des enfants français. Il semblerait en tout cas que nous sommes en retard par rapport à nos amis francophones de Suisses et du Québec, qui ont visiblement repris l’école depuis un bon moment déjà. Serions-nous une exception ? Dans tous les cas, les mesures d’hygiène et de distanciation sont pénibles pour les tous les enfants et pour les enseignants.
Si un retour à la normale semble prévu avant les vacances, la fermeture des écoles aura duré plus de 3 mois. Ce qui en soit n’a rien d’anodin, ni d’une « petite » coupure. Car à cette interruption va venir s’ajouter les deux mois de « vacances », si vacances il y a pour ceux qui peuvent les prendre, et dans les conditions qui leur seront imposées.
La rentrée de septembre 2020
Quel est l’avenir de l’école à l’horizon de septembre 2020 ? Dans quelles conditions se passera la rentrée 2020 pour l’ensemble des écoliers, des collégiens et des étudiants ? Tous les élèves feront-ils leur rentrée normalement ? Il est encore trop tôt pour le dire. Pour ce qui est des autres pays, il apparaît que les cantons Suisses sont plus organisés, et que mis à part quelques mesures sanitaires, le retour à l’école s’est fait pour tous les élèves. Alors, serions-nous une exception ?
Un premier et bref bilan de cette fermeture provisoire des écoles.
On peut en tout cas constater que pendant cette période de confinement, les enseignants ont bien été obligés d’innover. Certains ont cherché à maintenir la continuité d’enseignement par tous les moyens qui étaient à leur disposition. Et les visio-cours, devoirs sur table à distances, envois de cours et corrections par mail, accès libre aux plateformes de cours à distances ont été nombreux. De multiples formes d’enseignement à distance ont été testées avec un succès qu’il est difficile d’évaluer.
Il est, en effet, plus difficile pour l’enseignant de vérifier si l’enfant a participé à cet enseignement. C’est le rôle des parents de les inciter à le faire. Mais ils ne peuvent pas non plus obliger les enfants par la force et la coercition. Cela relève donc finalement de la responsabilité individuelle de chaque enfant.
D’autre part, les procédés et les exigences variaient d’un enseignant à un autre. Entre ceux qui donnaient plus de devoirs que d’habitude, et ceux qui étaient complètement absents.
Alors, simple parenthèse, ou début d’une autre vision de l’école de l’avenir ? Toujours est-il que d’autres méthodes d’enseignement que celle de réunir toute une classe d’âge de 25 à 30 élèves dans une même salle au sein d’un établissement ont été testées et continuent à l’être.
Quelle école pour l’avenir ?
Ce changement de paradigme de l’école n’aurait pas que des inconvénients. Pour ceux qui nous suivent, vous savez peut-être que nous ne sommes pas de fervents défenseurs de l’école dans sa forme actuelle, comme nous l’avons exprimé dans notre article : « L’école, un modèle obsolète, inadapté et inefficace ». Nous ne referons pas le constat que nous avons déjà fait, mais nous allons résumer en quelques points en quoi l’évolution de l’école pourrait être bénéfique.
Un mode d’enseignement inadapté à l’enfant d’aujourd’hui,
Nous avons vu dans notre article cité en référence de nombreuses raisons qui font que l’école n’est plus adaptée à l’enfant d’aujourd’hui. Un enfant de 6 à 10 ans n’est pas fait pour rester de longues heures assis sur une chaise à écouter la parole d’un maître ou d’une maîtresse. L’enfant a besoin de bouger, l’enfant a besoin de tous ces sens pour pouvoir apprendre ; la vue, l’ouïe, mais aussi le toucher, l’odorat. Et encore et surtout, les apprentissages sont excessivement liés à l’émotionnel, et au plaisir. Au risque de décevoir certains, tous les apprentissages faits dans la douleur et la coercition n’encouragent pas l’enfant à apprendre.
Un principe des classes d’âge remis en cause,
Le principe de la classe d’âge m’a toujours fortement interrogé. Cela ressemble plus à un principe militaire de conscription. Dans la vie, le passage des savoirs se font le plus souvent d’une personne un peu plus expérimentée à une personne un peu moins. Et c’est la meilleure manière de transmettre un savoir. La personne « un peu plus expérimentée » va consolider son savoir. Car entre toutes les manières d’apprendre : faire passer son savoir est LA meilleur manière de retenir. On est obligé de comprendre, de synthétiser et de remettre en cause son savoir pour le faire passer. Rien de tel pour le retenir. Et pour celui qui apprend de quelqu’un qui est – presque – à son niveau, il sait que celui qui enseigne est passé par là, il n’y a pas longtemps. Il se sent donc plus proche.
L’évolution des technologies
Les technologies permettent un accès instantané à une somme colossale de savoirs et de connaissances. Il est donc absolument indispensable de revoir les modes d’enseignements au regard de cette révolution technologique. On ne peut plus enseigner les mêmes choses et de la même manière qu’à la fin du 19e siècle, il faut être réaliste.
Absence de sens et d’objectif,
Quels sont les objectifs de l’école d’aujourd’hui ? Et quel est le sens des enseignements qui y sont donnés ? La question se pose d’une manière particulièrement cruciale aujourd’hui. Aussi bien pour les parents que pour les enfants eux-mêmes. Si l’enseignement ne fait pas sens pour l’enfant. C’est-à-dire qu’il n’en comprend pas le but, ni l’utilité, ni l’objectif, il s’en désintéresse. Point. Aux enseignants et aux parents aussi de choisir des enseignements qui font sens, pour eux et pour les enfants. C’est une question fondamentale pour l’avenir de l’école.
École inadaptée à la société actuelle (enseignement des langues, des technologies)
Les enjeux sociétaux ont, eux aussi, complètement évolués depuis 150 ans, alors que les matières elle-mêmes n’ont pas changé beaucoup.
L’enseignement des langues,
Dans une société mondialisée, l’enseignement des langues en France est absolument catastrophique. Alors qu’il suffit de quelques mois dans un contexte d’immersion pour apprendre et maîtriser une langue, comment se fait-il que son enseignement pendant tant d’années ne permette que rarement la maîtrise de la plus élémentaire des conversations. Là aussi, les méthodes d’enseignement des langues sont totalement obsolètes et inadaptées.
L’utilisation des outils technologiques,
Il est presque atterrant de voir que ce sont aujourd’hui les élèves qui forment les enseignants aux nouvelles technologies, alors que celles-ci sont certainement la base de presque tous les usages quotidiens et les emplois futurs.
Vers une autre vision de l’école pour l’avenir ?
Encore une fois, cette période pourrait être une formidable occasion de renouveler les modes d’enseignements vers quelque chose d’à la fois plus adapté aux enfants, mais aussi à la société future, et aux formidables enjeux qui sont aujourd’hui à relever, comme l’écologie, la préservation de l’environnement, mais aussi l’accès de conditions de vie dignes pour tous.
Quelles alternatives à l’école actuelle ?
Voici quelques propositions concrètes, pour les temps actuels, mais aussi pour les temps à venir. Certaines propositions concernent le court terme, d’autres sont à mener sur la durée.
De la garderie
Je ne prétends pas ici comparer l’école à une garderie. Mais ne nous y trompons pas. C’est exactement ce qui se passe en Allemagne : il n’existe pas d’école avant l’âge de 6 ans. Ce ne sont que des garderies. Cela dit, on peut faire de la garderie intelligente, en favorisant le développement et l’épanouissement de l’enfant.
Au-delà de l’âge de 6 ans, la question est de savoir quel type d’enseignement et de savoir, nous voulons apporter à nos enfants. Mais nous y reviendrons.
De l’instruction en famille,
Je ne m’attarderai pas sur cette option, que nous développons tout au long de notre blog. C’est un choix alternatif qui impacte grandement la vie familiale, et qui, je le reconnais, est difficilement généralisable.
Des écoles libres et démocratiques
Laissons les enfants plus libres de leurs apprentissages. C’est l’objectif et le mode de fonctionnement des écoles libres et démocratiques. L’être humain a naturellement envie d’apprendre. Mais il préfère faire ses expérimentations et ses apprentissages tout seul. Alors, laissons-le expérimenter. Cela évitera de formater les futurs adultes. Même si l’objectif de l’école laïque a bien été créé pour cela, il ne faut pas s’illusionner. C’est pour cela que les initiatives telles que les écoles démocratiques et les écoles dynamiques offrent une vision alternative de l’école de l’avenir.
Des formes d’enseignements libres répartis sur plusieurs familles,
Nous avons pu expérimenter pendant la période de confinement, des échanges entre familles. L’un des amis de Scooby-doo venait passer une nuit à la maison, puis les deux garçons travaillaient ensemble, puis jouaient. Et ensuite, c’était l’inverse. Pourquoi ne pas envisager des formes d’enseignement libre entre familles, qu’elles fassent l’instruction en famille, ou non.
Des écoles privées aux tickets d’entrée élevés.
Une autre possibilité est effectivement de mettre ses enfants dans des écoles privées, alternatives ou non. À condition d’en avoir les moyens. Mais sans aucune garantie de résultats. Puisque dans 90 % des cas, les pédagogies sont les mêmes que dans les écoles publiques. Les seules écoles qui se démarquent du lot, sont les écoles Montessori, qui sont pour la plupart relativement onéreuses.
Ou une reconversion complète de l’école publique ?
Remettre en cause les méthodes actuelles et mettre en place de nouvelles méthodes d’enseignement pourrait être une solution. Mais honnêtement, je n’y crois pas une seule seconde. Pour des raisons aussi bien extérieures, qu’internes. Car je pense que ce n’est pas la volonté des décideurs et des responsables politiques, et quand bien même, on voit bien depuis des décennies, l’impossibilité quasiment intrinsèque de pouvoir modifier l’école.
Quel avenir pour l’école et quelle éducation pour nos enfants ?
Quelles que soient les solutions envisagées par nos gouvernants, il ne faut rien en attendre. Quel avenir pour l’école et pour nos enfants souhaitons-nous ? En tant que parents, il est aujourd’hui de toute urgence de reprendre en main l’éducation, l’instruction et les apprentissages de nos enfants. La plupart se sont reposés pendant des années sur l’École, en pensant – à tort ou à raison – qu’elle faisait le job. En tout cas plus ou moins mal.
Il est grand temps de se poser réellement la question de savoir dans quel type de monde, nous souhaitons que nos enfants grandissent. Et en fonction de cela quels sont les apprentissages, les connaissances et les savoirs-faire voire même les modes de pensées qu’ils doivent acquérir ?
Quelle éducation donner à nos enfants ?
Répondez à cette question pour construire ensembles la société de demain.
Dites-nous dans les commentaires : comment se passe le retour à l’école de votre enfant en fonction du pays ou vous êtes. Et également vers quoi l’école et l’éducation doivent évoluer.
Hello!
Cette article est très intéressant. On réalise qu’effectivement nous pourrions réfléchir autrement à l’ instruction de nos enfants. Je rêve d’une école plus « libre », et surtout pour vous les français. Car chez nous, en Suisse, nous voyons que des écoles évoluent et essaye de trouver des méthodes plus adaptées aux enfants.
Pas plus tard que dimanche, j’ai discuté avec une connaissance enseignante, qui m’expliquait que dès la rentrée d’août (les écoles reprennent en août en Suisse), elle aurait 4 degrés dans une même classe (3 élèves de chaque niveau: MS / GS / CP / CE1). Les élèves pourront évoluer à leur rythme durant les 4 ans. Selon elle, c’est une expérience qui peut être que bénéfique pour tous. Je me réjouis de pouvoir en discuter avec elle après quelques mois d’enseignement avec cette nouvelle méthode.
Cher ministre de l’éducation française, venez voir un peu ce qui se fait chez vos voisins. (on sait jamais, si par hasard il tombe sur mon commentaire ! )
Effectivement Shirley, c’est une des pistes que j’évoque, et c’est intéressant de constater que certains pays tentent ce genre d’expérimentations. Bravo pour la Suisse ! Mais ce n’est qu’une possibilité parmi des centaines d’autres. Encore une fois, quel objectif vise-t-on dans l’éducation de nos enfants ? Il est important de se poser la question en tant que parents, et de ne pas forcément avoir une confiance aveugle dans les institutions. Et ensuite de voir si l’école, ou les écoles au cas par cas, et les autres modes d’éducation correspondent à cette vision que nous souhaitons pour eux.