Instruire en Famille : un choix souverain
« L’école est obligatoire ». Vrai ou Faux ?
Tout le monde connaît cette phrase. Et certains la répètent même comme un mantra, au point de vouloir rendre « l’école obligatoire » à partir de trois ans…
D’ailleurs, tout le monde est allé à l’école ou presque, ce qui prouve bien que l’école est obligatoire. Non ? J’en vois un au fond qui me dit qu’il n’est pas allé à l’école ? Comme nous le plaignons tous, ce pauvre petit, qui n’a pas eu la chance de s’instruire. Mais non, il a l’air très heureux. Il dit, mais je ne l’entends pas. « Parle plus fort ! » « Quoi ? Tu fait l’école à la maison ?! » Mais comment ose-t-il ? Faisons le rentrer tout de suite dans le droit chemin !
En regardant de plus près, il n’est pas le seul. Et oui, on dirait qu’un petit village d’irréductibles Gaulois s’oppose encore à l’envahisseur. Approchons-nous pour voir qui sont ces rebelles qui résistent au rouleau compresseur de l’Éducation Nationale. Ils sont quelques milliers… mais non, approchons nous encore, il s’agit d’une véritable ville : selon certains, il s’agit de 70 000, d’autres estiment à 92 000 les enfants déscolarisés en France (chiffres de 2012). Et le chiffre ne cesse d’augmenter tous les jours.
Mais avant tout, répondons à la question. Alors Vrai ou Faux ? L’école est-elle obligatoire ?
Et bien c’est faux ! L’école N’EST PAS obligatoire ! C’est l’instruction qui est obligatoire, ce n’est pas pareil. Et ce choix d’instruction est du ressort des parents, comme nous le verrons plus en détail ci-dessous.
Combien parmi vous le savait ? Allez, levez la main ! À part ceux qui font déjà l’école à la maison ?
S’instruire, un droit fondamental !
Pour la survie de l’individu, mais pour son développement, il est absolument indispensable d’apprendre, autant que de respirer et de manger. Ne serait-ce que de commencer par apprendre à marcher, à parler, à attraper des objets. Mais ensuite continuer à s’instruire et à apprendre toute sa vie est un droit fondamental. Tout individu doit avoir ce désir et cette volonté de s’instruire pour progresser, s’améliorer, vivre mieux. Or, il est parfaitement dommage de voir que ce droit, ce désir, cette volonté, est minée par la manière dont la plupart des enfants sont conditionnés quand ils vont à l’école. Car là où l’école est rarement en échec, c’est pour dégoûter les enfants, et par conséquent les futurs adultes de s’instruire. Rares sont ceux qui continuent à être curieux et à se former à l’âge adulte. Et c’est bien dommage.
S’instruire, un droit inaliénable !
Quand quelqu’un veut apprendre et s’instruire, il n’est pas possible de l’en empêcher. Mis à part l’emprisonner, le droguer, ou le conditionner pour lui faire croire que cela ne sert à rien. Ou alors, laissons la fenêtre d’apprentissage la plus étroite possible, de manière à ce que l’individu puisse obéir à une tâche précise, la plus étroite et la plus conditionnée possible. Mais faire des gens instruits n’est pas utile ! C’est même dangereux ! Faisons en sorte que le moins de monde possible soit réellement instruit !
Mais au fait, qu’est-ce que s’instruire ?
C’est vrai, j’utilise une notion que je n’ai pas encore définie. Qu’est-ce que s’instruire ?
Je cherche dans cette formidable ressource qu’est internet et je trouve une première définition :
« se cultiver au travers de recherches personnelles dans ou un plusieurs domaines afin d’accroître ses connaissances. »
Ce que je trouve intéressant dans cette définition, c’est qu’il s’agit bien d’une démarche personnelle. Et que d’autre part, il s’agit de se cultiver… c’est-à-dire de planter des graines pour développer d’autres facultés, non ? Par contre, qu’est-ce que signifie exactement cette notion d’accroître ses connaissances ? Quelles connaissances et dans quel but ?
Et là, pareil, je répondrais que la seule connaissance véritablement utile et que nous devrions tous rechercher, c’est la phrase de Socrate :
« Connais-toi toi-même », complétée par Corneille : « Apprends à te connaître et descends en toi-même ».
Car en effet, si on ne se connaît pas nous-même, que pourrions-nous connaître des autres et du monde ? Je ne vais pas faire un cours de philosophie, mais quand même, la direction que donne cette piste est plus qu’intéressante, et mérite d’être examinée.
S’instruire, une démarche expérimentale.
Et c’est là le paradoxe, en tout cas apparent, comment quelqu’un d’extérieur à nous, pourrait nous apprendre qui nous sommes ? L’apprentissage ne peut être que réflexif. Les enseignants et les parents ne peuvent être que des guides. Ils ne peuvent nous transmettre leur savoir. Puisque leur savoir est relatif à ce qu’ils sont, eux-mêmes. Et c’est pourquoi il est absolument essentiel de laisser aux individus en général, et aux enfants en particulier, la possibilité de faire les expériences par eux-mêmes. Car c’est la seule connaissance réellement valide, utile et exploitable.
Je reprends l’exemple de l’enfant qui apprend à marcher. Et encore une fois, c’est son expérimentation de la gravité qui va le faire tomber, et marcher à quatre pattes, pour qu’il trouve enfin – de lui même – comment se tenir debout. Et ensuite, c’est toujours en se trompant et en expérimentant qu’il commencera à identifier et à reproduire les sons – parce qu’il en fait lui-même l’expérience, pour pouvoir peu à peu expérimenter cette nouvelle expérience de communiquer avec ses semblables en parlant.
Un autre exemple, vous pouvez toujours tenter de décrire le goût d’une fraise à quelqu’un qui n’en a jamais mangé. Vous pourrez lui expliquer pendant de longues heures que c’est un fruit rouge, sucré, petit, avec une saveur délicate, etc. Alors que lui en faire goûter une prendrait deux secondes. C’est là que nous rejoignons directement la question de la liberté d’instruire en famille. En particulier de manière à permettre aux enfants de faire leurs propres expériences. Ils ont fait leurs premières expériences tous seuls.
Mais on voudrait les encadrer de plus en plus tôt ? Pour leur apprendre quoi ? Soyons réalistes, et aimons nos enfants. Laissons les enfants continuer à faire leurs propres expériences. C’est là qu’ils apprendront réellement ce qu’ils sont et développeront leur identité et leur personnalité. Quand bien même cette expérience serait celle de l’école, comme le font nos deux grands. À condition que cela soit un choix, et non une punition. Car, selon quel motifs et pour quelles raisons et à quel titre les enfants devraient être enfermés contre leur volonté ?
S’instruire, un choix délégué aux parents.
Revenons donc à ce droit de s’instruire, d’apprendre et « de se connaître soi-même ». Quand je dis que s’instruire, et j’insiste encore sur ce point, que c’est un droit inaliénable et imprescriptible de la personne, cela veut dire concrètement que personne ne peut vous l’enlever sans votre consentement. Tous les législateurs de tous les gouvernements du monde peuvent bien tenter de pondre toutes les lois qui leur plaisent, ils ne peuvent vous le retirer. Ils peuvent par contre conditionner l’individu dès le plus jeune âge à NE PAS s’instruire par lui-même.
C’est là qu’intervient le rôle des parents, car ce droit fondamental et inaliénable de la personne ne peut être exercé complètement par l’enfant, qui n’a pas encore la capacité de faire des choix en conscience. C’est pourquoi, ils doivent être guidés. Et en premier lieu, en tant que responsables légaux, ce droit est délégué aux parents. Ce sont donc les parents qui ont le devoir de choisir les modes d’instruction de leurs enfants. Ils peuvent par conséquent soit :
- Instruire eux-mêmes leurs enfants,
- Déléguer cette instruction à une tierce personne,
- Déléguer cette instruction à une école. Selon l’article L131-2 du code de l’éducation (de l’instruction devrions nous dire) : L’instruction obligatoire peut être donnée soit dans les établissements ou écoles publics ou privés, soit dans les familles par les parents, ou l’un d’entre eux, ou toute personne de leur choix.Mais évidemment, il ne faudrait pas trop que cela se sache ! Car il ne faudrait surtout pas que trop de personnes fassent l’école à la maison ! Demandez-vous pourquoi les lois sont extrêmement restrictives dans tous les pays concernant ce droit inaliénable et imprescriptible de faire l’école à la maison.
En quoi l’école devrait imposer ses choix pédagogiques ?
Il est par conséquent, parfaitement absurde que les contrôles de cette instruction en famille soient exercées par l’école, alors que l’école est délégataire du choix d’instruction. Et ce n’est pas par ce que c’est un mammouth dépendant de l’état, qu’elle a tous les droits. Mais elle se les arroge. D’ailleurs, de nombreux témoignages d’inspection, montrent que le seul objectif des inspections est de faire rentrer les parents et les enfants « dans le droit chemin », c’est-à-dire de les remettre à l’école. Et pourquoi ?
Il n’est pas normal que l’état mandate des inspecteurs de l’Éducation Nationale pour réaliser ces contrôles. Car ils sont de fait juges et partie. Ce qui ne peut évidemment permettre une application impartiale de la loi. Et pourquoi l’école ne veut pas respecter les choix des parents, comme des enfants ? Aussi bien en terme de choix de mode d’instruction, que de pédagogie ?
Or toutes les instructions des inspecteurs et des lois, visent à encadrer au maximum ce droit qui est tout juste « toléré ». Encore une fois, ce droit de s’instruire est fondamental est inaliénable. C’est donc à tous les individus de l’exercer et de le faire respecter.
Sans parler du fait que l’Éducation Nationale, la mal nommée, ne s’occupe pas que de l’instruction, mais aussi d’éducation. Mais ce n’est pas son rôle. Le rôle de l’école est d’instruire, pas d’éduquer, contrairement à ce que son appellation laisse croire. Et elle reçoit pour cela un mandat des parents. Oui, n’oublions pas que les parents peuvent résilier ce mandat à tout moment.
Des choix pédagogiques en adéquation avec la personnalité de l’enfant.
Autant ce n’est pas à l’école d’imposer ses choix pédagogiques, autant les parents doivent eux aussi tenter d’appliquer les pédagogies les mieux adaptées à leur enfant. J’insiste sur le fait que l’enfant, comme l’individu doit s’instruire. Et j’insiste, je dis bien s’instruire, et non être instruit. La différence est fondamentale. Encore une fois, la volonté d’apprentissage doit venir de l’enfant, et non de son entourage. Je répète souvent « on ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif ». De la même manière, vous ne ferez pas ingurgiter des connaissances à un enfant qui n’a pas envie d’apprendre.
D’autant plus que, comme nous l’avons vu, chaque enfant est unique. Car chaque enfant a des modes d’apprentissages et des cycles d’apprentissages différents. Certains sont plus visuels, auditifs, kinésiques, etc. Certains apprennent plus vite dans certains domaines, et d’autres dans d’autres. Il faudrait donc pouvoir s’adapter à chaque élève, ce qui – reconnaissons-le – est parfaitement impossible dans le cadre de l’école telle qu’elle est organisée aujourd’hui. Encore une fois, pourquoi imposer un rythme et un mode d’apprentissage unique pour toute une classe d’âge ? L’idéal de cette vision gestionnaire serait que chaque enfant d’une classe d’âge apprenne la même notion, exactement au même instant que tous ces petits camarades. Heureusement que cette vision est parfaitement irréaliste et irréalisable. C’est pourtant ce que devraient réaliser les enfants et les parents des enfants instruits à domicile ?!
Mettre ses enfants à l’école… ou non. Mais en conscience.
Il est parfaitement légitime de mettre ses enfants à l’école. Je reconnais qu’il n’est pas facile pour tout le monde d’instruire ses enfants à domicile. Je n’examinerais pas ici les multiples raisons, et les freins, justifiés ou non, qui empêchent beaucoup de parents de passer à l’acte. Qu’il s’agisse de problèmes d’emploi du temps, de disponibilité, de question de légitimité, etc. Mais j’encourage tous les parents à se poser sérieusement la question de ce choix qui les engage non seulement eux-mêmes, mais aussi leurs enfants, et je dirais de manière un peu dramatique, toute la société.
Car oui, avoir des adultes responsables, capables de s’instruire, et de faire route vers plus de connaissance de soi et des autres, et par conséquent vers plus d’amour et de bonheur, est un choix de société. Je ne peux pas croire que tout le monde prenne plaisir à rester enfermer dans ces schémas de pensées, comme je ne peux pas croire qu’un enfant puisse prendre du plaisir, et par conséquent apprécier et retenir des connaissances en restant enfermé pendant des heures dans un espace confiné contre sa volonté. Cette réflexion sur l’instruction que nous voulons, pour nous et nos enfants fait partie d’un des moyens de faire évoluer notre société sclérosée et enfermée dans des schémas mortifères.
Cet article participe à l’événement interblogueurs que nous avons organisé sur le thème de l’instruction en famille.
Saviez-vous que vous pouviez faire l’école à la maison ? Continuerez-vous à considérer l’école comme une obligation ou comme un choix ? N’hésitez pas à nous laisser vos réflexions dans les commentaires.
Bonjour,
je savais qu’il était possible de faire l’école à la maison mais je crois que certaines personnes ne le savent pas effectivement. Et d’autres ne se posent même pas la question et je comprends, parce que après tout on s’imagine qu’on place son enfant à l’école et que dans quelques années il aura acquis le nécessaire grâce à des professionnels de la pédagogie.
Je dis ça mais aujourd’hui ça me fait beaucoup rire. J’ai eu l’occasion de travailler avec l’Education nationale et Playbac à la réflexion d’une nouvelle façon de faire le collège. On a travaillé pendant un an, organisé un colloque, appelé les parents à témoigner par le biais d’ateliers, etc.. Bilan des courses : les parents n’avaient rien à dire et ne se sentaient pas concernés car « c’est l’affaire de l’Education nationale » bref ils font confiance. L’Education nationale s’est plus ou moins retirée (officiellement non mais officieusement il n’y avait plus personne) car trop frileuse des innovations proposées. Il restait une personne du Conseil régional qui trouvait tout cela vraiment génial. Et cerise sur le gâteau, personne n’avait pensé à demander leur avis aux professeurs eux-mêmes qui sont venus s’acharner sur le projet en disant que ça ne marcherait jamais.
Je rajoute à cette expérience pour continuer la dérision que tous les professeurs que j’ai rencontrés se sentent dépassés par l’ampleur de leur tâche, certains se découragent, d’autres font de sérieuses dépressions face au manque de soutien de leurs supérieurs et du ministère lui-même, et surtout surtout…. ils me disent tous qu’ils ont un grave manque de notions pédagogiques, ces notions ne faisant pas du tout partie de leur cursus initial… on est donc en droit de se demander alors comment le système d’instruction à l’école intègre-t-il l’aspect individuel de l’apprentissage ? La réponse on l’a déjà il me semble.
Alors moi j’ai été placée à l’école mais avec des parents qui ont pris le soin de compléter mon éducation. J’ai jardiné, cuisiné, appris la couture, bref les petites choses pour savoir se débrouiller chez soi, et à côté, nous avons voyagé et plus tard j’ai été initiée au droit, à l’économie, à la création d’entreprise, etc. et ceci par l’expérience quel bonheur !
Etre autonome, indépendant, et savoir choisir ce qu’on veut dans la vie, on n’apprend pas ça à l’école. Savoir lire, écrire et compter ce sont des bases indispensables mais ce ne sont pas les seules selon moi, il y en a d’autres, beaucoup plus liées à l’apprentissage de soi et je trouve que beaucoup d’enfants se retrouvent perdus après l’école parce qu’ils n’ont aucune idée de leur potentiel. Quel dommage…
Merci pour votre long et précieux commentaire. Votre témoignage sur cette expérience de mise en place de nouvelle pédagogie est intéressante à plus d’un titre. Elle montre qu’il est quasiment impossible pour cette vieille institution d’évoluer et de se remettre en cause. Les malheureux enseignants en font la douloureuse expérience tous les jours. Ils tentent tant bien que mal de faire ce qu’ils peuvent, dans un contexte difficile, quand ils ne sont pas en dépression ou obligés de faire de la discipline. Mais comme vous le dites si bien, beaucoup de parents n’en ont pas conscience. Ils font confiance aveuglément à l’école. Tout le monde – ou presque – y est passé. Tout le monde s’en est sorti jusque là, alors pourquoi pas nos enfants ? Et pourtant…
Nos choix de parents nous engagent, nous, mais aussi nos enfants. Quelle type d’instruction et d’éducation nous souhaitons leur offrir ? Car, oui, ce sont des choix qui vont avoir des conséquences sur leur avenir pendant de nombreuses années. Car ces choix vont déterminer leur capacité à devenir indépendants, autonomes, curieux, épanouis, bien intégrés dans la société, mais surtout créateurs de leur propre vie. Et cela ne peut être fait qu’en ayant parfaitement conscience que l’école n’est pas faite pour donner tous ces outils dont nos enfants auront besoin dans leur vie d’adultes.
L’Instruction à domicile n’est pas la seule solution, comme vous nous en faites part, et apporter des compléments à l’instruction basique délivrée par l’école est un autre moyen de palier à ses manques.
Merci Sandrine et Christophe pour votre réponse !
Je vois que malheureusement nos positions se rejoignent sur l’obsolescence de notre système éducatif. Quand je vois ce qui se fait dans le nord de l’Europe, je ne connais pas très bien mais il me semble qu’il existe des alternatives dans d’autres pays plus centrées sur l’élève que sur les disciplines scolaires…
J’ai hâte de lire la suite de vos articles et en apprendre plus sur l’instruction en famille et tout ce qui tourne autour !
A bientôt !
J’espère que cette réponse ne sera pas en doublon car impossible de savoir si mon commentaire est parti.
Merci de votre intérêt pour l’instruction en famille, sujet que je connais bien puisque mes filles adultes depuis peu ont grandi sans école et parce que je suis auteure sur le sujet.
Deux erreurs cependant dans votre billet :
– l’instruction en famille n’est hélas pas possible partout
– d’autre part en 2016/2017 nos enfants étaient seulement un peu plus de 30 000 à grandir sans école et exactement 13 892 à être instruits en famille ou via cours par correspondance (les autres étant au CNED réglementé, ce qui ne correspond pas à la même législation).
Aujourd’hui l’actualité est aux nouvelles menaces contre l’instruction en famille tel que vous pourrez le découvrir ici si cela vous intéresse : http://fairelecolealamaison.blogspot.com/2019/01/la-justice-ce-sont-les-memes-attentes.html
Bonne fin de journée !
Merci pour votre commentaire et pour l’intérêt que vous portez à notre blog. Les réglementations et les restrictions réglementaires diffèrent effectivement selon les pays, mais la loi française nous laisse encore la possibilité de faire l’instruction à domicile, même si les conditions sont de plus en plus contraignantes. On pourrait faire remarquer que les libertés s’usent surtout quand on ne n’en sert pas. C’est pourquoi la question du nombre d’enfants scolarisés à domicile revêt une certaine importance. Vos précisions sur les chiffres des enfants scolarisés à la maison sont très intéressantes. Elles diffèrent effectivement en fonction du mode d’instruction choisi et en particulier de l’utilisation de cours par correspondance ou non. Mais en tout état de cause, quelque soient les valeurs retenues, la proportion des élèves instruits à la maison tourne autour de 0,1 % à 0,6 % de l’ensemble des enfants scolarisés. Ce qui est une proportion très faible. Et ce pour diverses raisons : d’une part à cause des problèmes d’organisations, mais aussi très certainement à cause des difficultés que l’administration oppose à ce choix, en particulier au travers des contrôles. Vous soulignez également dans votre lien la différence de traitement entre les enfants instruits à domicile et ceux qui sont à l’école. Les parents des premiers ayant obligation de résultat, alors que l’école n’a que obligation de moyen. Autrement dit, l’enfant instruit à domicile sera soumis à des tests dont les critères restent mystérieux. Et s’il ne remplit pas les conditions requises, il devra réintégrer l’école, où il ne les remplira pas forcément non plus. Mais où en tout cas, il ne sera plus évalué. En tout cas, pas selon les mêmes critères.
Bonjour
Nous sommes sorties du système scolaire en Ce1 depuis 1 an et passées depuis par différentes phases où effectivement je me rend compte que l’instruction au travers de methodologies purement scolaires, que ce soit à la maison pas plus qu’à l’école, fait l’objet de violents rejets!
J’ai beaucoup aimé votre article et j’ai envie de vous poser une question : comment susciter le goût et l’envie d’apprendre? Comment donner à un enfant l’envie de s’instruire, d’aller vers les livres plutôt que les écrans, mais aussi d’écrire sans faire de fautes d’orthographe ou de grammaire?
Merci encore pour ces mots qui me parlent
Bonjour,
Merci pour votre excellente question : « Comment faire pour susciter le goût et l’envie d’apprendre à mon enfant ? » J’aurais tendance à répondre que chaque enfant étant unique, chaque réponse devra être différente et adaptée à l’enfant. Mais ce qui est sûr, c’est que l’on n’arrivera pas à donner l’envie d’apprendre à un enfant en le forçant ou en le contraignant.
Je fais souvent le parallèle avec la nourriture, cela ne sert à rien de forcer les enfants. Je pense qu’il faut raisonner de la même manière pour les apprentissages et en particulier les apprentissages scolaires. Je voudrais vous donner un exemple. Il y a quelques jours, notre fille aînée qui va sur ses 18 ans nous a dit : « Je ne mange pas beaucoup de légumes aujourd’hui, mais je sais qu’un jour j’en mangerai ! ». Je me suis dit que finalement, nous avions fait ce que nous avions à faire. Mais que nous ne pouvons pas l’obliger de faire quelque chose qu’elle n’a pas envie de faire.
Il faut comprendre que votre enfant a son rythme d’apprentissage qui lui est propre, et aussi ses manières d’apprendre. Cela veut dire qu’il faut essayer de tester différentes méthodes, plus auditives, plus visuelles, plus ludiques, sans lui mettre la pression. Et sans vous mettre la pression non plus. Il faut aussi voir quelles sont les matières ou apprentissages qui l’intéressent, même si ce ne sont pas forcément des apprentissages scolaires. Faire la cuisine, aller se promener au parc ou dans les bois ou jouer à un jeu peuvent aussi être l’occasion d’apprentissages.
En tout cas, il ne faut pas s’obnubiler sur les matières ou les éléments du programme à faire absolument ingurgiter à votre enfant. Alors c’est vrai que quand on commence l’Instruction en Famille, on a tendance à faire « l’école à la maison ». C’est à dire reproduire le seul modèle que nous connaissons et en appliquer les règles, mais aussi vouloir respecter « le programme », celui qui nous est imposé par l’Éducation Nationale. Il faut un certains temps pour comprendre que nous avons de nombreuses autres possibilités. Et que pour cela il faut expérimenter ce qui marche le mieux.
Prenez votre temps, et laissez-en à votre enfant pour s’amuser, pour jouer. Les inspecteurs attendront… ce n’est pas grave. Vous leur expliquerez calmement qu’il y a certaines notions de grammaire ou d’orthographe qu’il n’a pas encore acquises, et que cela arrive à des enfants très bien, et même à des enfants qui vont à l’école !
En un mot, le mieux c’est d’être à l’écoute de son enfant, et de ne pas culpabiliser, mais de le guider vers ce qu’il aime faire, et il élargira peu à peu son champ d’intérêt. S’il n’aime pas trop les livres, respectez ses choix et ses goûts. Mais montrez lui l’exemple ! Lisez aussi des témoignages, allez vous renseigner sur les forums sur les différentes manière d’instruire à domicile, et ayez confiance en vous dans votre capacité à assumer le choix que vous avez fait, et dans votre enfant à apprendre ce dont il aura besoin d’apprendre.
En tout cas bravo pour avoir fait le choix d’instruire en famille, c’est un choix courageux, qui demande de l’engagement, et qui nous plonge des fois dans des doutes immenses : « Est-ce que j’ai bien fait ? », « Comment faire pour lui faire apprendre telle ou telle chose ? » « Est-ce qu’il ne m’en voudra pas plus tard ? ». Mais vous verrez que vous en serez grandement récompensés et que vous et votre enfant apprendrez énormément.
Merci pour votre réponse.
C’est vrai que faire le choix de l’instruction en famille bouscule et provoque un ras de marée de remise en question permanente et de réajustements tout en nécessitant de garder un cap et donc confiance, c’est vrai que cela permet de s’enrichir autour de nombreuses lectures sur l’éducation sur lesquelles on ne se serait peut être pas penché sans ce choix…
Ce n’est pas l’inspection qui me fait peur, ni même la « réussite sociale » ou non de mon enfant car je lui fait confiance pour trouver sa voie. Ce qui parfois me déstabilise et me fait perdre confiance c’est le vide au dessus duquel on se trouve, l’immensité du chantier sans savoir par où commencer!
Si je reprends l’exemple concret de l’orthographe (oui je sais , c’est un peu obsessionnel chez moi!), quand je vois l’écriture de la plupart des jeunes aujourd’hui ça me fait peur, et je me demande comment et à quel moment introduire les règles de français, conjugaison etc… sachant que bien sûr, ça c’est un domaine vers lequel elle ne viendra pas elle même… et aurai-je la patience d’attendre qu’à 18 ans elle me dise « maman un jour j’écrirai sans faire de faute » 😉
Concrètement, elle écrit, elle aime lire, elle aime inventer des histoires ou rédiger des « exposés, des lapbooks, mais c’est bien sûr bourré de fautes et très brouillon… alors je fais quoi ? Je lui explique une par une et parfois, lorsqu’elle est décidée à m’écouter j’enchaîne sur une règle de grammaire .. mais parfois ça la gonfle, ou bien elle veut juste que je lise l’histoire qu’elle a écrite et que je m’intéresse au fond et non à la forme; ce que je comprends bien sûr mais c’est là où (tadam!) remise en question perso : c’est vraiment très dur pour moi de faire l’impasse, ça me coûte énormément et je me dis que je ne peux pas la laisser écrire sans la corriger sinon comment va-t-elle apprendre?
De même en maths, bien sûr apprendre les tables de multiplication ne l’intéresse pas du tout, par contre elle est très bonne en calcul mental et adore jouer à des jeux de société assez complexes et de réflexion donc ça me préoccupe moins…
C’est d’ailleurs comme cela que j’ai découvert votre blog et je n’ai pas encore eu le temps de fouiller de ce côté là…
Le temps… encore une donnée assez compliquée de l’école à la maison… Le temps qui manque, le temps qui n’existe plus vraiment, ni horaire, ni vacances… etc… tout cela est assez déstabilisant, on ne sait même plus si on tient correctement notre rôle de parents, car après tout, on peut bien se coucher et se lever à l’heure souhaité! oui mais est-ce « correct » de permettre ça….?….
(je renvoie car je ne sais pas si le commentaire est passé…Désolée si il y a un doublon)
Coucou Christophe et Sandrine ! Merci pour cet article très complet. Partir du besoin et des intérêts de nos enfants est effectivement essentiel pour qu’ils gardent le goût d’apprendre.
Pour répondre à la question « comment donner à l’enfant l’envie d’aller vers les livres plutôt que les écrans », je voulais juste témoigner de notre expérience d’instruction en famille au primaire. Mon mari et moi-même avons toujours aimé lire pour apprendre tout un tas de choses et nous détendre. A chaque fois que nous sortions avec les enfants, nous faisions toujours un tour à la librairie ou la bibliothèque et nous prenions le temps de feuilleter. La particularité c’est la diversité des supports écrits que nous avions à la maison (BD, revues, romans, science fiction, livres pratiques, livres sur les sciences, mangas, livres audio…). Nous lisions aussi beaucoup d’histoires aux enfants.
Je crois qu’ils ont très vite capté qu’ils y avaient quelque chose d’intéressants à voir dans tous ces livres. Pour l’anecdote, quand ma grande fille a eu 7 ans, j’avais envie qu’elle se plonge un peu plus dans des romans jeunesse. A l’époque, elle s’intéressait au Roi Soleil et la vie à Versailles. Je lui ai offert le 1er tome des Colombes du Roi Soleil et depuis elle n’a jamais cessé de lire et écrire (1 à 2 romans par semaine. Elle est en filière littéraire). Mon fils aussi lit énormément. Par contre ma deuxième fille a arrête de lire depuis qu’elle a réintégré le collège. Sa passion c’est écouter de la musique et comprendre la psychologie des gens. Elle trouve donc plus son compte dans sa relation avec les autres et les réseaux sociaux.
Pour l’orthographe et la grammaire, il est vrai que mes 2 enfants qui lisent beaucoup ont moins de difficultés que ma fille qui ne lit pas. Heureusement, elle a beaucoup progressé grâce au site projet-voltaire qu’elle aime bien. Elle commence à avoir envie de progresser en écriture car elle comprend que cela peut lui être utile au quotidien. Elle a décidé de lire le Monde des ados chaque semaine.
Finalement, les enfants s’inspirent beaucoup de ce que font leurs parents et plus largement leur entourage immédiat mais ont aussi leurs propres intérêts et leurs propres rythmes.Notre rôle est de leur offrir un environnement riche et bienveillant dans lequel ils viendront piocher ce dont ils ont besoin pour grandir et apprendre.
Sandrine et Christophe, je ne vous oublie pas ! Je participerai bien à l’événement interblogueurs sur l’instruction en famille. ça infuse ! L’article sera dans votre boîte mail avant demain minuit ! Ce sera la première fois que je témoignerai de l’expérience de l’instruction en famille avec mes 3 enfants. Cela m’a donné envie d’écrire d’autres articles car je me rends compte que c’est une aventure qui a eu un impact extrêmement positif sur nos liens familiaux et sur la confiance que peuvent avoir nos enfants dans leurs vies d’ado. Merci de nous donner cette occasion de nous exprimer et de partager . A bientôt !
Merci pour ta réponse Johanna ! Et nous attendons avec impatience ton article qui participe à notre événement interblogueurs sur le thème de l’IEF.
Oui, nous pensons que c’est important de diffuser des expériences sur l’IEF. Lorsque nous débutons l’Instruction en famille (et même au fil des années 😉 ) nous sommes parfois perdus, pas sûr de nous, on a peur de mal faire, on a plein d’idées, mais… le regard des autres, nos a priori, l’avis de l’entourage, n’est pas toujours facile à gérer. Nous avons fait l’IEF pendant 6 ans à nos 3 enfants et nous raconterons, nous aussi, notre expérience dans un ou deux articles prochainement.
Merci pour ton témoignage ! A bientôt.
C’est vrai Johanna je me suis désolée longtemps de voir que ma fille ne lisait pas de roman jeunesse alors qu’elle savait lire toute petite et qu’elle adorait que je lui lise des histoires… jusqu’au jour où je me suis rendu compte que moi-même, qui lisais énormément avant, ne prenais plus le temps de lire depuis que j’étais maman… Aussi lors d’un voyage où nous avions beaucoup de transport, j’ai emmené un roman pour moi, et cela n’était pas arrivé depuis longtemps car je pensais toujours à emmener des livres pour enfants et des jeux pour nous occuper lors des voyages, mais comme nous voyageons et ne sommes la plupart du temps que toutes les 2, je ne pense que rarement à m’octroyer des activités solitaires et égoîstes… Du coup, elle a pris également un livre, compromis entre le roman et la BD et elle m’a dit au bout de quelques jours : « maman je ne savais pas que c’était aussi bien de lire ! «
Oui, faire des choses que l’on aime, continuer à s’enthousiasmer pour nos passions, c’est le meilleur exemple que nous puissions montrer à nos enfants ! Bonne continuation !