Les apprentissages autonomes
Nous tenons aujourd’hui à présenter les apprentissages autonomes. Cette pédagogie est particulière pour plusieurs raisons. La décrire permet de comprendre une composante incontournable, essentielle et primordiale du processus d’apprentissage. D’autre part, cela offre d’immenses pistes de réflexions, de recherches, d’expérimentation à tous les parents bienveillants qui se posent des questions sur l’éducation de leurs enfants, et qui veulent ou qui sont déjà passés à la pratique.
Nous ne pouvons évidemment pas parler de ce sujet sans faire abstraction de l’excellent ouvrage de John Holt publié aux Éditions Instants présents, auquel nous nous référons bien évidemment. Quand je parle de pavé, ce n’est pas en référence à la longueur de l’ouvrage de John Holt, puisqu’il ne comporte ‘que’ 190 pages. Non, je parle de lancer un pavé dans la mare, c’est-à-dire en référence aux idées que l’ouvrage véhicule et de toutes les réactions qu’elles risquent de soulever.
Ni synthèse, ni compte-rendu
Alors tout en m’appuyant grandement sur l’ouvrage de John Holt, je ne vais pas tenter d’en faire une synthèse, ni un compte-rendu. La pensée de l’auteur suit une logique qui lui est propre. Elle est étayée de nombreuses expériences personnelles qui donnent sens à son propos, mais qu’il ne m’est pas possible de transmettre dans leur intégralité. Je vous laisse le découvrir par vous-même et vous en faire votre propre opinion. Je vous propose donc de me suivre dans mon propre cheminement de pensée, que je serais heureux de faire en votre compagnie.
Cet article fait écho à celui sur l’Instruction en Famille, dont il est en quelque sorte la continuation. Car les apprentissages autonomes sont évidemment une des pédagogies possibles pour les parents qui font l’Instruction en Famille. Ainsi, afin de recueillir de nombreux témoignages sur les sujets, cet article fait partie d’un carnaval d’articles que nous organisons. Nous nous associons ainsi à d’autres blogueurs et blogueuses, eux aussi intéressés par ce sujet, pour offrir à nos parents bienveillants, une diversité de points de vues et d’expériences dans lesquelles ils pourront puiser pour s’inspirer.
A / Les apprentissages autonomes, qu’est-ce que c’est ?
a/ Apprentissage autonome ou « unschooling » ?
Le terme « apprentissage autonome » a été choisi par l’éditeur de la traduction française du livre de John Holt pour traduire le terme anglais de « unschooling ». Il convient parfaitement pour définir de manière très claire : l’ensemble des acquis, compétences, savoirs-faire que l’apprenant acquiert en étant lui-même le moteur de ses apprentissages. Le mot « unschooling », dont la traduction littérale veut dire « sans école » est plus ambigu. D’autant plus quand il est utilisé en français, car on ne sait pas s’il désigne le fait de déscolariser un enfant, où la pédagogie employée. J’utiliserai donc le terme d’ « apprentissages autonomes » pour décrire cette pédagogie particulière que nous allons tenter de définir, d’analyser, tout en essayant d’en déterminer les bienfaits et les manières de la mettre en œuvre.
b/ Qu’est-ce qu’un « apprentissage autonome » ?
La définition du premier terme telle que donnée par wikipedia, est claire et satisfaisante : l’apprentissage est un ensemble de mécanismes menant à l’acquisition de savoir-faire, de savoirs ou de connaissances.
Penchons-nous maintenant sur le deuxième mot : « autonomie ». Ce terme est formé des deux mots grecs auto qui veut dire soi-même, et nomos, qui désigne la loi, la règle. Donc étymologiquement, autonome veut dire celui qui se fixe ses propres règles ou qui obéit à ses propres lois. On voit déjà ce que le terme lui-même peut avoir de subversif. Toujours wikipedia le défini comme : la capacité d’un objet, individu ou système à se gouverner soi-même, selon ses propres règles. Les antonymes sont : dépendant, esclave, soumis.
Dans une acceptation plus courante, l’autonomie revêt un caractère plus mécanique et plus fonctionnel. Elle fait référence aux propriétés d’une entité qui est capable de fonctionner de manière indépendante, sans être contrôlée de l’extérieur ou sans des apports (matériels, énergétiques, etc.) en provenance de l’extérieur. Dans ce cadre, le contraire de quelqu’un d’autonome serait plutôt handicapé. Un handicapé physique est quelqu’un qui ne peut pas se déplacer par lui-même, et qui a besoin d’être aidé pour se déplacer, soit par une autre personne, soit par des supports mécaniques comme un fauteuil. Ce n’est donc certainement pas une situation enviable. Le contraire du handicap est bien l’autonomie.
On voit bien ce qui ressort rapidement l’apposition de ces deux termes apprentissages autonomes : ce sont des apprentissages qui sont dirigés par l’apprenant qui s’organise de manière indépendante sans être contrôlé de l’extérieur.
c/ Apprentissages autonomes vs enseignement dirigé/imposé/dicté/ (au choix)
Considérer l’apprenant comme étant au cœur des apprentissages est bien évidemment à l’opposé de l’idée la plus répandue qui met au contraire l’enseignant au coeur des apprentissages. Nous allons voir comment ces deux approches radicalement opposées, conduisent également à des résultats extrêmement différents.
Une idée communément admise, mais qui n’est jamais remise en cause, est qu’il suffit d’enseigner, pour que l’élève apprenne. Comme si l’apprenant était un âne à qui il suffisait de proposer un picotin d’avoine ou un abreuvoir rempli d’une eau claire et limpide descendue des montagnes aux premières neiges de printemps pour qu’il boive et se repaisse de ce savoir qu’on lui propose avec tellement d’égards. Mais malheureusement pour tous les enseignants « on ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif ! »
L’école part ainsi de ce principe qu’il suffit de rassembler plusieurs personnes dans une pièce et de leur délivrer un enseignement ex cathedra, pour que ces personnes apprennent. Et si elles n’apprennent pas, c’est qu’elles n’ont pas été soumises assez longtemps à cet enseignement, qu’il faut donc prolonger le plus longtemps possible, ou bien qu’elles sont victimes d’une pathologie qui les empêche d’apprendre. Le fondement de tous les enseignements part de ce postulat de départ : qu’il s’agit d’enseigner pour que l’apprenant apprenne ! Or non seulement il n’a jamais été prouvé ni validé scientifiquement, mais encore et surtout, il est invalidé quotidiennement par des millions d’enfants voire d’adultes.
d/ Apprentissages autonomes vs enseignements non-sollicités
La réalité est bien différente. Car dans les faits, tout enseignement que l’apprenant n’a pas sollicité risque de gêner voire d’empêcher son apprentissage. C’est exactement ce que dit John Holt (op. cit. p. 158) : « Tout enseignement non sollicité est parfaitement contre-productif ! ». Mais j’entends déjà monter toutes les réflexions, « Ah, mais c’est de la démagogie », et toutes les réactions que cette phrase peut provoquer, car elle risque de heurter les fondements de la représentation du monde et de la société de certains, voire même de beaucoup. Car non seulement, je le dis, mais je le répète une troisième fois en m’appuyant de John Holt : « On ne fait pas apprendre quelque chose à quelqu’un qui n’a pas envie d’apprendre ! ».
« Non seulement la leçon non sollicitée ne conduit pas à un apprentissage, mais – et ça a été difficile pour moi à comprendre – pour l’essentiel un tel enseignement empêche l’apprentissage. Et ça, c’est une vraie catastrophe. 90 % du temps, d’un enseignement qui n’a pas été sollicité ne résultera pas un apprentissage, mais en découlera au contraire un obstacle à l’apprentissage. » (op. cit. p. 16)
e/ L’enseignant transmet souvent un message dévalorisant.
Ainsi, l’enseignement ne produit pas le résultat escompté, au grand dam de l’enseignant qui y a souvent mis tout son coeur pour transmettre tout son savoir à ses élèves qui en général « ne comprennent rien ».
Mais encore plus dommageable à la relation enseignant/enseigné, l’enseignant transmet un message dont il n’a évidemment pas conscience, mais qui est parfaitement perçu de la part de l’enseigné (probablement inconsciemment là aussi) :
« À chaque fois que, sans y avoir été invité, sans qu’on nous l’ait vraiment demandé, nous essayons d’apprendre quelque chose à quelqu’un d’autre, à chaque fois, nous communiquons à cette personne un double message. La première partie de ce message, c’est : « Je vous enseigne quelque chose d’important, mais vous n’êtes pas assez intelligent pour voir à quel point c’est important. Si je ne vous l’avais pas appris, vous ne vous seriez probablement jamais donné la peine de vous renseigner. » Le second message que communique un enseignement non sollicité à celui qui le reçoit, c’est : « Ce que je vous enseigne est si difficile que, si je ne vous l’enseigne pas, vous ne serez pas capable de l’apprendre. »
Ce double message de manque de confiance et de mépris est clairement compris par les enfants, parce qu’ils excellent à recevoir les messages émotionnels. Cela les rend furieux. Et pourquoi en serait-il autrement ? Tous les enseignements non sollicités contiennent ce message de manque de confiance et de mépris. » (op. cit. p. 17)
f/ Alors d’accord, pas d’accord ?
Maintenant, cher parent bienveillant, je ne vous demande pas d’être en accord avec ce constat. Je ne vous demande pas de le prendre pour argent comptant. Je vous demande de vous poser sincèrement la question : « Qu’avez-vous appris et qu’avez-vous retenu de l’école ? » Peut-être vous êtes-vous épanoui et avez-vous vécu une scolarité radieuse, je ne sais pas. Et je vous le souhaite. Mais ce n’a pas été mon cas, et je constate que ce n’est le cas d’aucun des enfants ni d’aucun des adultes que j’ai rencontrés. Mais je vais laisser répondre John Holt lui-même : non seulement, il qualifie sa jeunesse de terne, mais il ajoute « La plus grande part de ce que je sais aujourd’hui, ce n’est pas à l’école que je l’ai appris ; en fait, ce que je sais, on ne me l’a jamais enseigné. » (op. cit. p. 175)
g/ John Holt est-il quelqu’un à part ?
John est-il unique en son genre ? Déjà, je dirai que nous sommes au moins deux, puisque je pourrais reprendre sa phrase à mon compte. Je peux ensuite m’adresser aux personnes qui sont dans le monde du travail et leur demander : « Comment avez-vous appris votre métier : à l’école ou en le pratiquant ? » Je pourrais également aller voir tous les parents bienveillants et leur demander : « Comment avez-vous appris à être parents ? », etc. Je pourrais multiplier les exemples, faire une thèse pour savoir combien sont ceux « qui n’ont pas eu la chance de rater leurs études », car les exemples de ces derniers prouvent que l’on peut parfaitement réussir dans la vie, sans école. Mais mon propos n’est pas là.
Ce constat n’est pas facile à accepter, je le reconnais. Nous avons tous été élevés, éduqués, conditionnés dans cette idée. Pas seulement qu’il fallait aller à l’école pour réussir et pour être heureux, mais qu’il suffisait d’être enseigné pour apprendre… Or, cette idée est tout simplement fausse.
B / Comment fonctionnent les apprentissages autonomes ?
Ainsi, si l’on veut réellement transmettre un savoir ou un enseignement, il va falloir se poser réellement la question de comprendre comment fonctionnent les apprentissages.
À titre d’exemple, revenons un peu sur les premiers apprentissages de l’enfant, comme par exemple marcher, parler. Nous constatons qu’ils se font de manière entièrement autonome. Sans vouloir trop anticiper, posons-nous simplement la question de savoir si les autres apprentissages comme la lecture, la numération, et de tous les autres apprentissages, ne pourraient pas être fait selon le même processus.
a/ Chaque enfant apprend suivant son propre rythme d’apprentissage.
Tout d’abord, John Holt fait un premier constat, sur lequel nous n’insisterons jamais assez : « Les enfants ont chacun leur propre rythme – unique – d’apprentissage. Ils ont aussi leurs propres rythmes en fonction desquels ils sont prêts à faire les choses, à la vitesse qui leur convient, en décidant du temps qu’ils mettrons à passer à autre chose. Quand nous essayons de les diriger, d’interférer ou de changer leurs styles d’apprentissage et leurs rythmes, nous les ralentissons et nous les stoppons presque toujours. » (op. cit. p. 21)
Il est donc essentiel et primordial de laisser les enfants se développer à leur propre rythme, même celui-ci ne correspond pas à la norme. A contrario, on veut imposer le même rythme à tous les enfants, qu’ils fassent l’école ou soient Instruits en Famille ! Mais quel est ce rythme que devrait suivre tous les enfants, de manière bien ordonnée et évidemment sans broncher ? Il ne correspond à aucune réalité tangible, qu’elle soit physiologique ou psychologique. C’est juste une image virtuelle, extrêmement floue à laquelle il faudrait que tous les enfants se conforment. Ce n’est pas de l’utopie, mais bien de la dystopie que l’on voudrait faire entrer dans la réalité.
b/ Chaque enfant est un scientifique.
Pour John Holt, l’enfant livré à lui-même, procède comme un scientifique. « Le processus par lequel les enfants transforment leur expérience en connaissance est exactement le même que celui suivi par les scientifiques pour élaborer les connaissances scientifiques ». (op. cit. p. 56)
C’est-à-dire que l’enfant qui est en cours d’apprentissage émet une hypothèse, et qu’il va tenter de vérifier si cette hypothèse fonctionne. Il va donc ensuite faire une série d’expériences qui vont lui permettre de déterminer si cette hypothèse est vraie ou fausse. Comme tout bon scientifique : il ne fait pas d’erreurs. Il vérifie juste une hypothèse.
La difficulté pour l’accompagnateur est qu’il est difficile de se mettre dans sa tête pour savoir quelle hypothèse il a formée. Donc le meilleur moyen est de laisser l’enfant aller jusqu’au bout de son raisonnement. Il faut lui laisser tirer sa conclusion tout seul. Si quelqu’un intervient, l’expérience est interrompue. Et donc la solution qu’on lui impose n’en sera pas une. Cela sera éventuellement une nouvelle hypothèse. Mais pas une réponse scientifique. Pour qu’il trouve la solution tout seul selon cette méthode, il faut donc le laisser découvrir si son hypothèse fonctionne ou non, et le laisser aller jusqu’au bout de son expérimentation. Cela peut prendre du temps. Cela peut impliquer des fausses routes ou des voies sans issues. Mais il faut le laisser faire. Il faut donc lui faire confiance, et lui laisser suffisamment de temps.
c/ Laisser les enfants faire leurs propres expériences
Malheureusement les enseignants ou les parents même les mieux intentionnés du monde empêchent généralement, et sans le savoir, les enfants de poursuivre leur expérience. Et ce, de deux manières possibles :
– Soit en donnant la réponse à la question que se pose l’enfant avant que ce dernier ait terminé son expérimentation, et qu’il ait pu en tirer les conclusions. Ce qui est particulièrement frustrant pour l’enfant. Puisque cela veut dire que vous considérer qu’il n’est pas assez grand pour trouver tout seul.
– Soit, ce qui revient au même, de ne même pas laisser l’enfant faire lui-même ses expériences, et lui donner la réponse toute faite à apprendre par cœur. Comme si tout coulait de source, et qu’il devait admettre les résultats comme des faits immuables et indiscutables. Ce qu’il ne peut accepter évidemment.
En effet, les enfants ont besoin d’appuyer leur expérience sur des faits pratiques.
« Les enfants, agissent en permanence comme des scientifiques en regardant, remarquant, s’interrogeant, théorisant, testant leurs théories et en les modifiant aussi souvent que nécessaire. » (op. cit. p. 22). Ils ont donc besoin de pouvoir expérimenter. Il faut donc leur donner le temps et le loisir de faire leurs propres expériences. Et cela concerne à peu près tous les apprentissages.
d/ Un savoir appris par cœur est-il durable ?
Or les réponses toutes faites, et les apprentissages par cœur, ne peuvent pas être des acquis durables sur lesquels il est possible de baser et construire une véritable théorie scientifique.
Un autre constat que fait John Holt, c’est que les savoirs répétés mécaniquement, ne sont pas des savoirs acquis de manière durable, et ne sont donc pas utilisables par l’enfant, ou le futur adulte. Or, l’école forme en grande partie des perroquets qui révisent pour les interrogations du lendemain, sans se poser la moindre question du sens de ce qu’ils répètent. Il n’est pas nécessaire de rentrer dans les objectifs d’un tel système qui devient tellement évident quand on en comprend le mécanisme.
La seule manière de pouvoir utiliser un enseignement, est de le comprendre. C’est-à-dire au minimum savoir dans quel cadre il s’applique, à quoi il peut éventuellement être utile, et comment il peut-être utilisé.
e/ Pourquoi découper les enseignements ?
Une autre constat fait par John Holt est qu’à l’école les enseignements sont divisés en entités de plus en plus petites. « Les écoles présupposent […] que la manière de leur faire apprendre des choses est de diviser ces domaines prescrits en minuscules tâches à maîtriser une à la fois, chacune avec sa carotte et son bâton. » (op. cit. p. 41). Partant du principe, que plus l’entité à ingurgiter est petite, plus elle le sera facilement. C’est bien méconnaître les mécanismes des apprentissages. Je reprends ma comparaison de la nourriture. Cela peut paraître également une solution de couper les choux de Bruxelles en tous petits bouts, pour tenter de les faire ingurgiter plus facilement. Mais si l’enfant a une répulsion quasi-instinctive pour l’odeur et le goût de cet aliment, croyez-vous réellement qu’en le coupant en petite parcelle, cela aidera ?
L’exemple de l’addition et de la soustraction
John Holt donne l’exemple particulièrement flagrant pour la question de l’addition et de la soustraction. Il insiste sur l’idée qu’elles ne devraient pas être dissociées, mais au contraire définies comme deux manières de décrire le même processus. (op. cit. pp. 73 à 77). J’ajoute que l’on pourrait faire exactement de même en y ajoutant la multiplication, la division et les fractions. Mais comme l’école part du principe qu’il ne faudrait surtout pas encombrer le cerveau de nos pauvres enfants, qui sont déjà trop chargés. Sauf qu’en agissant ainsi, les enseignants obtiennent l’effet inverse de celui recherché, ils leur compliquent au contraire la tâche, rendant incompréhensibles les choses les plus simples.
Ainsi plutôt que de leur faire apprendre en CP que 3 + 2 = 5, et plus tard que 2 + 3 = 5, puis en CE 1 que 5 – 2 = 3 et enfin que 5 – 3 = 2 pourquoi ne pas leur faire appréhender dès le départ que ce n’est qu’une manière différente de décrire la même réalité ? (op. cit. p. 74).
En effet, si vous avez cinq objets, il y a plusieurs moyens de les regrouper. On peut faire un seul groupe de 5 objets, on peut faire un groupe de 1 et un groupe de 4, un groupe de 2 et un groupe de 3, ou un groupe de 3 et un groupe de 2, ce qui revient au même. Et si l’on masque l’un des groupes, on voit ce qui reste. Par exemple, si l’on masque le groupe de 3, on ne voit plus que le groupe de 2. Et réciproquement. Mais tout cela est exactement la même chose. (op. cit. pp. 73 et 74)
De même pour la multiplication
De la même manière, pourquoi dissocier la multiplication de l’addition ? Si on faisait comprendre dès le départ que 3 X 3 n’est autre que l’addition de 3 + 3 répétée trois fois soit 3 + 3 + 3, on éviterait peut-être d’embrouiller la tête des enfants avec des choses qui leurs paraissent d’une extrême complexité, et qui le sont tels qu’ils sont présentés, alors qu’ils sont en réalité d’une grande simplicité.
C’est la même chose pour les fractions. Si au lieu de couper des gâteaux en quatre, on expliquait que les fractions ne sont finalement que des divisions. On reprendrait nos 5 objets, et l’on considérerait que ces 5 objets réunis forment un tout. Un de ces 5 objets représenterait tout simplement 1/5 du tout, et ne serait encore une fois qu’un manière différente de nommer ce même ensemble de 5 objet. Mais comme il est à peu près interdit d’utiliser des objets pour expliquer la numération de la même manière qu’il est interdit aux enfants de compter sur leurs doigts (vécu par notre fille), effectivement la numération reste quelque chose d’abstrait, et risque de le rester longtemps.
f/ Prendre plaisir à apprendre !
Et c’est la même chose pour la lecture. John Holt constate que plus les années passent et plus le vocabulaire des manuels et des livres proposés aux enfants se réduit en peau de chagrin. Il donne l’exemple d’une étude réalisée entre 1920 et 1960. (op. cit. p. 159). Que nous pourrions certainement prolonger jusqu’à aujourd’hui. Comme si leur en donner moins, les fera progresser plus ! Qu’importe que l’enfant ne comprenne pas tous les mots qu’il lit, du moment qu’il prend plaisir à lire.
« On me dit souvent, en général sur un ton énervé : « Apprendre ne peut pas être que de l’amusement ! » ou encore : « Apprendre ne peut pas être toujours marrant, sinon il ne s’agit pas vraiment d’apprentissages ». Ils ont tellement tort. Trouver comment fonctionne les choses, résoudre des problèmes, c’est la chose la plus amusante que les êtres humains sachent faire : peu de choses apportent autant de plaisir et d’excitation. » (op.cit. p. 105)
Eh oui, la notion de plaisir est tellement étrangère aux apprentissages, alors qu’elle leur serait tellement bénéfique. Il est au contraire beaucoup plus profitable de proposer aux enfants une nourriture spirituelle riche et variée, la plus goûteuse et la plus nourrissante possible. Puis de les inciter à prendre plaisir à apprendre, en leur faisant reconnaître les goûts et les saveurs délicates de ces mets raffinés.
g/ Apprendre, c’est au contraire donner du sens aux choses. (op. cit. p. 42)
En dehors du plaisir à apprendre, la question du sens n’est jamais abordée à l’école. Pourquoi est-ce que l’on fait ça ? « Pourquoi est-ce que je dois apprendre les mathématiques et la géographie ? » C’est la question que se pose tous les enfants. Et l’école ne cherche pas à leur fournir de réponse. Surtout pas ! Le sous-entendu implicite est « parce que c’est comme ça ! » ou bien « Tu comprendras cela quand tu seras plus grand ». On demande donc aux enfants de faire quelque chose pendant des années, alors qu’ils ne savent pas pourquoi ils le font ! Et on se demande ensuite pourquoi ils ne sont pas motivés !
Faire le lien avec le quotidien de l’enfant
Les enfants ne comprennent pas pourquoi ils ont besoin d’apprendre telle ou telle chose parce que c’est totalement déconnecté de leur réalité quotidienne. Les enfants ont besoin de comprendre le monde qui les entoure. C’est à dire celui dans lequel ils vivent !
« Les questions que se posent les petits sur le monde sont en fait de grandes questions. Ils ne se demandent pas « Pourquoi l’eau coule du robinet ? » mais : « D’où vient l’univers ? » Les enfants ne sont pas seulement des philosophes ; ce sont de véritables « cosmologistes », des inventeurs de mythe et de religions à l’instar des Indiens qui ont conçu l’idée qu’il y avait une tortue et que le monde a grandi sur son dos, ou bien que ce sont les dieux qui ont apporté le feu. ». (op. cit. P ; 46)
Alors, effectivement, il faut comprendre que les enfants se sentent particulièrement déboussolés quand on leur dit d’une part que leurs jeux « ne sont pas sérieux », mais d’autre part que les questions « sérieuses » et fondamentales qu’ils se posent n’intéressent pas les adultes. C’est normal qu’ils finissent par s’apercevoir que les adultes ne sont finalement ni sérieux, ni crédibles. « Les enfants doivent être très indulgents envers les grandes personnes » (Saint-Exupéry, Le Petit Prince, chapitre 4).
C/ Comment mettre en place des apprentissages autonomes ?
Mais alors que faire ?
Devant un tel constat d’incompréhension réciproque, nous sommes en droit de nous poser la question de savoir quoi faire pour arriver à permettre à nos enfants d’apprendre dans les meilleures conditions. Car oui, en tant que parents, on veut toujours faire quelque chose. Et en tant qu’adulte, et qu’être humain, on veut enseigner, on veut faire passer ce que l’on sait, on veut aider. Mais comment faire, pour ne pas obtenir le résultat opposé de ce que l’on souhaite ?
a/ Laisser les enfants à l’école.
Il est tout à fait légitime d’être parfaitement en accord avec la pédagogie utilisée à l’école, de penser que c’est la meilleure. De toute façon, c’est la seule solution. Et puisque tant de personnes sont passées par là, c’est que finalement les résultats ne sont pas si catastrophiques que certaines personnes le laissent penser. Il ne reste plus qu’à croiser les doigts pour qu’ils s’en sortent, et qu’ils ne soient pas diagnostiqués d’un trouble du comportement, d’un DYS quelconque, d’hyperactivité ou de n’importe quel autre mal. Car il est bien connu que si les enfants n’apprennent pas à l’école, c’est forcément de leur faute.
« Les éducateurs ont trouvé une autre explication au défaut d’apprentissage : « les troubles d’apprentissages ». Cette expression est devenue très populaire, parce qu’elle peut concerner presque tout le monde. […] Aux parents en colère qui demandent que les écoles « s’activent et enseignent quelque chose à [leur] enfant », on peut désormais répondre : « Je suis désolé, nous ne pouvons rien faire ; il souffre de troubles d’apprentissages.» (op. cit. p. 40)
Oui, parce que par hypothèse, il est absolument impossible de remettre en cause les biens-fondés, les méthodes et l’excellence de l’école. Si l’enfant n’apprend pas à l’école, c’est donc forcément que cela vient de l’enfant. Par contre si le même enfant n’apprend pas dans le cadre de l’Instruction en Famille, cela vient forcément des parents, cherchez l’erreur.
b/ Le changer d’école.
Mais il est encore plus légitime de penser que si l’école n’arrive pas à faire à apprendre aux enfants, c’est peut-être que les méthodes employées ne marchent pas, en tout cas avec tel ou tel enfant. Il est donc envisageable d’orienter son enfant vers des écoles utilisant d’autres pédagogies, comme les écoles Montessori, ou les écoles Freinet, Steiner, etc. Mais en dehors du fait qu’elles sont rares, elles sont surtout en général réservées à une tranche de la population qui a les moyens de mettre presque un SMIC par enfant dans les frais de scolarité.
c/ Faire l’ « école à la maison ».
Pour les autres, le seul moyen de tenter de mettre d’autres pédagogies en place est donc de déscolariser son enfant. « Ah oui, mais je ne saurais pas comment faire. Je ne suis pas enseignant. » Est-ce que les parents ont fait quoi que ce soit pour apprendre aux enfants à marcher et à parler ? Non, et encore heureux ! Car cela leur a permis d’apprendre par eux-mêmes, en cherchant, en expérimentant. En faisant des erreurs, si l’on veut prendre le langage des adultes. Sauf que pour eux, ce n’était pas des erreurs. C’était juste le chemin par lequel ils avaient besoin de passer pour maîtriser soit la marche, soit le langage.
Les apprentissages autonomes dans le cadre de l’Instruction en Famille
Mais cela ne suffit pas pour mettre en place des apprentissages autonomes. Le premier réflexe de tous les parents qui déscolarisent leur enfant est, en général, de faire « l’école à la maison ». On reproduit les horaires, les matières, le programme, et la pédagogie. Bref, on fait la même chose que l’école, mais à la maison. Avec les mêmes résultats. C’est-à-dire en général le refus caractérisé des enfants d’ingurgiter des apprentissages formels. De nombreux parents qui ont démarré l’IEF sont passés par cette étape. C’est normal, nous reproduisons ce que nous connaissons. Or, l’école est la seule référence. D’autant que les consignes données par les inspecteurs vont dans ce sens, et pour cause !
Notre retour d’expérience
Nous-mêmes, après avoir déscolarisé nos enfants, sommes passés par cette première étape. Mais il ne faut pas se leurrer, que l’école soit faite à la maison, ou délocalisée, cela revient au même. Les méthodes étant les mêmes, il est normal que les résultats le soient aussi. C’est juste que les parents se substituent à l’enseignant. Mais cette étape est indispensable pour pouvoir passer à d’autres méthodes, car elle la première étape de la prise de conscience. Elle est le premier stade qui va lancer ensuite les parents dans la recherche – ou non – d’une nouvelle pédagogie.
d/ Faire des jeux pédagogiques.
Comme le dit John Holt, si l’on veut absolument faire quelque chose avec nos enfants, et c’est souvent le cas, car on se dit toujours qu’il faut faire quelque chose, qu’on ne peut pas les laisser comme ça. « Je leur suggère de proposer ce jeu [d’apprentissage] comme une activité amusante à la fois pour l’adulte et pour l’enfant, et tant qu’elle reste ludique, elle peut-être utile, et en tout cas, n’est pas nocive. » (op. cit. p. 157)
C’est en tout cas ce que nous avons tendance à penser dans ce blog et que nous encourageons fortement. Nous ne nous attarderons donc pas sur les avantages du jeu pour les apprentissages scolaires.
e/ Expérimenter les apprentissages autonomes.
Une autre voie est d’oser faire confiance à nos enfants, comme nous leur avons fait confiance quand ils ont commencé à marcher et à parler. Et de les laisser découvrir et apprendre par eux-mêmes, sans leur imposer aucun enseignement. Et c’est là la difficulté des apprentissages autonomes. Car on veut toujours faire quelque chose.
Nous avons vu que le meilleur moyen pour que quelqu’un apprenne quelque chose, c’est de ne pas le lui enseigner. Alors comment faire, en tant que parent bienveillant, pour que notre enfant apprenne des tas de choses, et ai le goût et l’envie d’apprendre ?
La première réponse serait : « Surtout ne rien faire » ! Et en rester là. Ce serait un peu facile de notre part, car en réalité, il est extrêmement difficile de ne rien faire… dans le cadre de l’enseignement. Et la réponse est en réalité plus subtile.
– Ne pas vouloir enseigner à tout prix !
Il faudrait ne rien faire de manière volontaire pour enseigner quoi que ce soit à l’enfant. Car il s’en aperçoit tout de suite. C’est ce que John Holt fait remarquer de nombreuses reprises. L’enfant est extrêmement intelligent. Il perçoit parfaitement nos intentions. Par contre, il faut être extrêmement présent pour pouvoir répondre à ses questions et à ses interrogations au moment où il se les pose ! Car il faut néanmoins pouvoir répondre aux questions et aux demandes de l’enfant, au moment où elle surgit. Sinon l’enfant oublie, et c’est trop tard. Mais dans la réponse, il ne faut pas aller trop loin. Et bien cerner la réponse pour ne pas en dire plus que ce que l’enfant demande. C’est ce sur quoi insiste John Holt, et c’est aussi le plus délicat à accepter, mettre en place, sentir.
– Répondre simplement, sans trop en dire !
L’enfant pose souvent des questions simples, à laquelle il veut une réponse simple. Mais nous, en tant que parents, nous engouffrons dans la brèche. « Ah, ça y est. Il a posé une question ! Il se montre enfin intéressé. Je vais pouvoir lui faire passer tout mon savoir ! » Et on tente de tout lui expliquer, d’un coup et en une seule fois. Si l’enfant a eu la réponse à sa question, il faut s’arrêter là. Si on continue, il n’écoutera plus. Et si l’on explique des choses compliquées alors qu’il n’a même pas eu la réponse à sa question simple, alors il risque bien de ne plus poser de question la fois suivante, car il aura remarqué qu’il n’a pas la réponse qu’il attend. Ils peuvent par exemple comprendre ce processus en deux ou trois fois… Difficile de revenir en arrière après ça.
D / Mes réserves par rapports aux apprentissages autonomes.
Les apprentissages autonomes sont une piste d’expérimentation extrêmement riche, mais ce n’est pas pour autant qu’ils peuvent être réalisés n’importe comment. Il ne faut surtout pas croire qu’elles s’apparentent à un « laisser faire » sans surveillance et sans contrôle. C’est là toute la subtilité de la méthode.
a/ L’importance de l’environnement.
Ma première réserve concerne l’autonomie « complète ». Je pense que les apprentissages ne peuvent pas fonctionner entièrement en autonomie. L’enfant ne peut pas apprendre complètement « sans aucun apport de l’extérieur ». Ses apprentissages ont besoin d’être alimentés, tout comme sa motivation d’ailleurs. La question étant de savoir comment, c’est-à-dire pas forcément avec des punitions et des récompenses, mais nous avons vu qu’il était envisageable d’éduquer sans punir, nous nous poserons prochainement la question de savoir s’il est possible d’éduquer sans récompenses.
Comme je l’ai expliqué, je pense que les apprentissages autonomes peuvent se développer naturellement dans un terreau « riche ». C’est un peu comme pour une plante. Une graine plantée dans une terre fertile, arrosée régulièrement par la pluie poussera et se développera toute seule. Une autre dans un terrain plus aride aura besoin de plus d’attentions, d’engrais et d’arrosages. De même un enfant élevé dans un contexte où il aura accès à toutes formes de cultures, à des livres, à internet, à des spectacles, etc, pourra naturellement faire des choix et se diriger vers ce qui lui plaît. Sachant évidemment que ces choix doivent être aiguillés, guidés, encouragés ou freinés.
Prenons l’exemple d’internet. C’est un formidable outil d’apprentissages à condition de l’utiliser à bon escient. Sinon, cela ne reste qu’une source de distraction et un mangeur de temps, sans parler des potentiels danger de laisser un enfant de moins du 10 ans surfer tout seul sur internet sans aucun contrôle. Alors, laisser complètement l’enfant livré à lui-même pour ses apprentissages ? Je ne pense pas que cela soit réellement possible.
b/ L’enfant apprend par mimétisme.
John Holt insiste d’ailleurs lui-même sur « le pouvoir de l’exemple » (op. cit. p. 17). Car une autre forme d’apprentissage très importante est l’imitation. Il est tout à fait avéré que l’enfant aura tendance à reproduire les activités, et même les gestes de son entourage, frères et sœurs, parents. Pourquoi de nombreux enfants d’artistes suivent le chemin de leurs parents ? Parce qu’ils ont été initiés très tôt à certains gestes, à certaines pratiques, et ce, parce qu’ils y étaient plongés quotidiennement. Plus prosaïquement, un enfant qui ne voit pas de livre dans son quotidien, n’aura évidemment pas envie de lire. Ainsi, le meilleur moyen de donner l’envie de lire aux enfants, ce n’est pas de leur donner des injonctions, mais de donner l’exemple, à savoir de lire soi-même.
c/ Les apprentissages autonomes sont-ils adaptés à tous les enfants ?
Ma deuxième réserve est que je pense que les apprentissages autonomes ne conviennent pas à tous les individus, à fortiori à tous les enfants. Je pense que c’est dû à une combinaison de l’histoire et de la personnalité de chacun. Tout le monde n’a pas les capacités pour être le moteur de ses propres apprentissages. Comme probablement tout le monde n’a peut-être pas les capacités d’être son propre guide. Auquel cas, l’individu a besoin d’un guide, d’un mentor, de quelqu’un qui lui montre la voie.
d/ Les apprentissages autonomes demandent beaucoup de présence et une grande attention.
Ma troisième réserve est que le parent ou l’accompagnateur doit faire preuve d’une grande qualité d’écoute. Il doit être très présent sans s’imposer, répondre aux questions sans dire plus que ce que l’enfant demande, et favoriser les apprentissages sans être directif. Autrement dit, c’est loin d’être aisé, et cela demande une grande disponibilité, aussi bien en temps qu’en attention. Je pense sincèrement que là non plus ce n’est pas donné à tout le monde.
Ce qu’il faut retenir.
Les apprentissages autonomes sont à mon avis la voie royale des apprentissages. C’est certainement la pédagogie la plus profitable. Mais elle nécessite pour obtenir de bons résultats, de mettre en place une réponse équilibrée en alchimie avec les besoins et les désirs de l’enfant, ce qui n’est pas toujours évident à trouver. Ceux qui nous suivent régulièrement aussi bien sur notre blog que sur les réseaux savent que nous avons recommencé l’Instruction en Famille avec notre dernier de 9 ans. Nous tentons donc cette expérience des apprentissages autonomes avec lui. Nous n’avions pas pu le faire avec ses aînés, car honnêtement, ils n’y étaient pas réceptifs.
À titre d’exemple, il a décidé l’autre jour de prendre l’ordinateur portable de sa sœur et de se décrire ainsi que sa famille. Il a allumé l’ordinateur, rédigé plusieurs pages, fait tout seul sa présentation avec des titres, demandé quelques fois l’orthographe de certains mots. Et mis à part la réponse à ces questions précises, nous ne sommes pas intervenus. C’est donc une première expérience d’apprentissages autonomes, et nous souhaitons bien continuer l’expérience, et nous vous ferons part des résultats.
Merci d’avoir lu cet article un peu plus long que la moyenne. Qu’en avez-vous pensé ? Est-ce que cela vous tente de mettre en place des apprentissages autonomes ? Ou bien l’avez-vous déjà fait ? Faites nous part de vos remarques ou de vos expériences.
P.S. Je profite de cet article pour souligner le travail très important que font les Editions l’Instant Présent, qui sont l’éditeur des deux livres cités en références, et notamment celui de John Holt.
Or les Éditions l’Instant Présent rencontrent actuellement de grandes difficultés de trésorerie qui risquent de compromettre leur survie.
Aussi, si vous souhaitez vous procurer les livres dont nous parlons dans cet article, privilégiez l’achat direct auprès de l’éditeur, qui leur permet une meilleure rémunération que de passer par une plateforme comme Amazon.
Merci de ton partage. Pour moi, apprentissage autonome ne veut pas dire dirigé par l’enfant: faire par soi-même ne veut pas dire faire seul et je rejoins la vision du unschooling de Pam Sorooshian https://learninghappens.wordpress.com/…/unschooling-is…/ traduite par Béatrice Mantovani : « Je ne parle pas de unschooling comme d’«apprentissage dirigé par l’enfant» et j’encourage les autres à ne pas utiliser ce terme, parce que je pense que l’abus de celui-ci a donné lieu à un malentendu très grave de ce que le unschooling est vraiment. Le terme «apprentissage dirigé par l’enfant» met l’accent sur quelque chose de très important – que l’enfant est l’apprenant! Je ne pourrais être plus d’accord. Néanmoins, il cache aussi le rôle important que le parent joue en aidant et en soutenant et, oui, très souvent, en prenant l’initiative, dans l’investigation et l’exploration du monde qu’est le unschooling.
Sur une liste de unschooling, quelqu’un a demandé s’il était « correct », en tant qu’unschooler, de demander à son enfant s’il voulait qu’on lui lise un livre. Elle craignait que ça soit trop directif – qu’il faille attendre qu’il demande, s’il était intéressé. En d’autres termes, elle pensait que le unschooling devrait être entièrement «dirigé par l’enfant».
De telles questions me préoccupent, parce que c’est une telle distorsion, et une position tellement extrême et loin de la réalité de la vie unschooling que ma famille a vécue.
Le unschooling est plus comme une danse entre des partenaires qui sont si parfaitement en phase l’un avec l’autre qu’il est difficile de dire qui guide. Les partenaires sont sensibles aux indications de chacun, aux petits mouvements, aux légers décalages, et ils réagissent. Parfois, l’un dirige et parfois l’autre. » Pour moi il n’y a pas plus exact pour résumer ma vision du unschooling.
Merci pour ce commentaire très intéressant. Vous avez raison de souligner que « les apprentissages autonomes » ne doivent pas être confondus avec l’idée de laisser l’enfant faire ses apprentissages tous seuls, bien au contraire, ni de le laisser faire tout ce qu’il veut. Trouver une harmonie parfaite entre l’enseignant et l’apprenant est évidemment à rechercher au maximum. Chacun n’étant plus que le complémentaire de l’autre, sans que l’un prenne l’ascendant, illustré par cette belle image de la danse. Pas forcément évident à appliquer, mais très bel objectif à viser pour les « apprentissages autonomes ».
Bonjour Sandrine et Christophe,
merci pour cet article très intéressant. J’ai appris plein de choses et me suis reconnue dans d’autres !
Je compte toujours sur mes doigts et oui je me souviens combien il m’était interdit de le faire à l’école. Manque de bol, impossible pour moi de soustraire ou additionner sans mes doigts et c’est toujours le cas. Chacun sa méthode, certains utilisent bien la calculatrice, pourquoi pas les doigts ?
Du coup je vous rejoins totalement sur ce sujet, l’apprentissage autonome c’est aussi avoir le choix de ses outils pour apprendre. Comme un scientifique : chercher sa réponse avec ses propres outils. La nature nous a doté d’un cerveau capable de connexions illimitées, ce serait une erreur de croire qu’on doit tout enseigner à nos enfants, y compris comment réfléchir. Dans leurs gènes, ils ont cette capacité d’apprendre beaucoup de choses par eux-mêmes !
J’ai aussi une anecdote pour appuyer votre propos à propos du fait de laisser les enfants poser les questions. Si certains peuvent avoir peur que leurs enfants n’apprennent rien car ils ne sont curieux de rien, ne posent jamais de questions je peux montrer que c’est un tort. Récemment je guidais encore des groupes scolaires dans un musée. Il n’y a pas pire que d’avoir des enfants qui viennent de classes dans un musée. Ces enfants sont venus sous la contrainte d’un professeur pour une sortie scolaire. Si certains adorent la matière enseignée, ce n’est clairement pas le cas de toute la classe. On a d’ailleurs dans le métier un jargon spécial pour ces visiteurs, on les appelle les « captifs ». Ils ne sont pas toujours facile à intéresser de par cette nature qui fait qu’ils n’ont pas eu le choix de venir. Pourtant et avec grande surprise, alors que bien souvent je m’attends à un désintérêt total de la part des plus réticents, ce n’est absolument jamais le cas. Et pourquoi ? Parce qu’ils ont devant eux un terrain de jeux. Déjà le contexte sort de l’ordinaire, ce n’est pas la classe de tous les jours. Ensuite, dans tout ce qui est dit pendant la visite, à un moment ou un autre quelque chose va capter l’attention de l’un ou de l’autre, car il y a une grande variété. Si je n’ai pas eu le « c’est un vrai crâne madame ? » j’aurai le « mais ça n’existe pas des tortues aussi grosses ! ». En tant que médiatrice, j’ai très vite abandonné le format classique qui consiste à faire suivre le même parcours pour toutes les classes qui viennent (comme à l’école en somme). Très vite, j’ai appris à adapter selon l’intérêt des uns et des autres. J’oriente mon parcours selon les questions, parfois je reviens même en arrière. Et c’est incroyable car même pour moi c’était beaucoup moins monotone et plus dans l’échange.
Merci pour cet article et au plaisir de vous lire !