Parentalité bienveillante

Parentalité bienveillante : les 5 règles d’or

La parentalité bienveillante, appelée aussi parentalité positive ou éducation positive est un concept très utilisé un peu partout, et nous ne faisons pas exception. Mais qu’est-ce que la parentalité bienveillante ? À l’heure où cette idée commence à être un peu galvaudé, voire même remis en cause par ceux-là même qui la prônait il n’y a pas si longtemps, il nous a paru pertinent de faire une petite mise au point de la manière dont nous concevons, appréhendons et essayons d’appliquer cette forme d’éducation.

Pour certains, la parentalité bienveillante ne serait finalement qu’une nouvelle manière plus « soft » de manipuler les enfants et d’obtenir ce que nous voulons d’eux. Pour d’autres, la parentalité bienveillante ne serait qu’une dangereuse tendance laxiste qu’il faudrait éradiquer rapidement, si nous ne voulons pas faire face à des enfants-roi qui se sentiront tout-puissant et n’obéiront à aucunes règles. Ce qui nous mènera évidemment tout droit à l’anarchie.

Voudrait-on comme le prétendent certains, revenir à des formes d’éducation où les fessées et les violences corporelles étaient monnaie courante ? Est-ce vraiment la solution ? Et d’ailleurs, sommes-nous réellement sortis de cette forme d’éducation ? Mais ne nous leurrons pas, bien que ces dernières aient été officiellement interdites, les mauvais traitements, les violences, physiques et morales, ne se sont pas pour autant arrêtées du jour au lendemain d’un simple coup de baguette magique.

Nous allons donc tenter de définir les quelques fondements incontournables de la parentalité bienveillante, et ensuite de mettre en place 5 règles simples qui nous paraissent essentielles dans son application au quotidien.

Les fondements de la parentalité bienveillante :

L’échec des méthodes coercitives

Punition

Que ce soit dans le cadre familial, éducatif, ou même sociétal, il faut bien reconnaître que les méthodes coercitives ne marchent pas, ou alors pas longtemps.

« Une bonne baffe n’a jamais tué personne, mais elle remet parfois les choses en place ». Contrairement à l’usage bien ancré dans les mentalités, les punitions corporelles, les brimades et les réprimandes ne servent à rien. À part éventuellement défouler celui qui la donne. En tout cas, elle n’aide pas l’enfant à grandir.

Même si les punitions ont fait partie pendant des décennies, voire des siècles, de la « bonne éducation », il est maintenant avéré scientifiquement qu’une éducation punitive et sévère perturbent le cerveau de l’enfant et entraînent de vrais troubles du comportement.

« Actuellement, nous connaissons mieux les conséquences des humiliations verbales, physiques et des menaces sur le développement du cerveau de l’enfant. Il ressort des études scientifiques que les effets négatifs sur le cerveau sont importants et atteignent les structures cérébrales et des circuits cérébraux essentiels pour le bon fonctionnement du cerveau. Il en résulte de vrais troubles du comportement : les enfants souffrent d’agressivité, d’anxiété, de dépression, puis plus tard, à l’adolescence et à l’âge adulte, ils pourront développer des comportements à risque (violence, addictions à l’alcool, aux drogues). Teicher 2013, MacLaughin 2014, Van Harmelen 2014 (Catherine Gueguen, Vivre heureux avec son enfant)

Il faut remarquer que ce ne sont pas seulement les violences physiques qui sont à remettre en cause, mais bien toutes les violences psychologiques, qui peuvent parfois être au moins aussi intenses.

La bienveillance participe au bon développement du cerveau de l’enfant.

L’adulte tente de punir et d’obtenir par la force ce qu’il ne peut obtenir autrement. Il oublie un peu facilement que tout être humain, quel qu’il soit, et même s’il est encore immature, n’aime pas être commandé. Toute personne aime comprendre pourquoi il doit obtempérer. Et apprécie également d’être respectée en cas de désaccord. Je ne parle évidemment pas de cas de dangers immédiats, où une atteinte à la vie peut survenir dans les secondes qui viennent. Et encore, je ne suis pas sûr que les cris et la violence physique soit la plus efficace, même dans ces cas-là.

D’autant plus que l’obéissance aveugle n’apprend aucunement l’autonomie, ni à être responsable de ses actes, mais au contraire favorise la soumission. Un enfant « bien élevé » ne doit pas être un enfant soumis, apeuré. Il est tout à fait normal, qu’il proteste quand il est contraint, qu’il se rebelle, voire qu’il se ferme complètement.

Une attitude bienveillante des parents et des éducateurs participe au contraire au bon développement du cerveau de l’enfant.

« Cette découverte majeure montre encore une fois l’importance capitale de l’éducation. Nous constatons que le plus souvent les enfants se conduisent de façon éthique s’ils ont de bons guides, de bons modèles. Les recherches actuelles nous le confirment. La région de notre cerveau qui nous rend pleinement humains, située au-dessus de nos orbites, le cortex orbito-frontal ou COF, ne se développe bien que si l’environnement autour de l’enfant est bienveillant, empathique, soutenant. » (Catherine Gueguen, Vivre heureux avec son enfant)

La loi d’interdiction des violences punitives du 10 juillet 2019

Violence éducative ordinaire

D’ailleurs la loi elle-même suit les évolutions de cette nouvelle forme d’éducation. Elle prend aujourd’hui en compte ces nouvelles avancées des neurosciences éducatives. En effet, en date du 10 juillet 2019, une loi relative à l’interdiction des violences éducatives ordinaires a été votée. Elle stipule notamment que : “L’autorité parentale s’exerce sans violences physiques ou psychologiques.”

Même si l’application et le respect de cette loi risquent de se révéler difficile, il faut cependant espérer qu’elle aide à la prise de conscience de l’ensemble des personnes concernées : parents, aides maternelles et enseignants et autre éducateurs. Il s’avère cependant que dans les pays où ce type de loi a été votée, les violences éducatives ordinaires ont largement diminués, comme c’est le cas notamment en Suède.

En finir avec le cliché de la mère aimante et du père punitif.

Les mères sont toujours plus aimantes que les pères. C’est peut-être un cliché. Mais les pères se veulent les représentant de l’ordre et de la loi. Ils doivent se faire respecter. Et les vieux clichés ont la vie dure. Car aujourd’hui encore, de nombreux couples rentrent dans ce schéma, avec la complicité des mères, qui laissent souvent faire.

Et pourtant, les mères sont tout à fait capables de mettre en place des limites et les pères de faire preuve d’amour et d’affection pour leurs enfants.

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L’enfant est une personne.

Françoise Dolto est l’une des personnalités qui a posé les bases les plus importantes de la parentalité bienveillante. Son postulat est que l’enfant est une personne à part entière dès sa naissance. C’est un individu unique, avec ses spécificités propres. Et chaque enfant nécessitera une attitude et une réponse spécifique. C’est pourquoi il n’est pas possible d’ériger des codes d’éducation trop rigides. Les réponses doivent s’adapter à chaque enfant.

« Chaque enfant est une personne unique. Il a ses pensées, ses émotions, ses fantasmes, ses images mentales qui lui sont propres. » Isabelle Filliozat

« Chaque enfant est un individu unique, et nous interroge avec sa spécificité. Appliquer des réponses systématiques en fonction de règles éducatives prédéterminées nie l’individu comme sujet. Se poser des questions devant un enfant, c’est témoigner du désir de lui répondre individuellement. » Isabelle Filliozat, Au coeur des émotions de l’enfant.

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Les 5 règles d’or de la parentalité bienveillante

Parentalité bienveillante

La parentalité positive fait l’hypothèse que l’enfant est un individu à part entière, qui n’a pas encore l’ensemble la possibilité d’exercer toutes ses capacités et ses potentialités. Le rôle des parents n’est pas d’imposer, mais de guider. Mais peut-on éduquer sans punir ? Nous avons tenté d’y répondre dans cet article.

Nous avons tenté de résumer la parentalité bienveillante en 5 règles fondamentales :

1/ Ecouter

Partant de l’hypothèse que l’enfant est un être à part entière, il est essentiel de comprendre que dès sa naissance jusqu’à l’âge adulte, l’enfant cherche à communiquer. Tout d’abord ses besoins, mais aussi ses sensations, ses ressentis, ses désirs, ses projets. Il n’a malheureusement pas encore les codes du langage qui lui permettront plus tard de mettre des mots sur les émotions et les désirs qu’il ressent. Ce n’est pas pour autant qu’il n’en a pas. C’est donc le rôle des parents de tenter de décoder dès que possible l’expression des pleurs que l’enfant veut faire entendre, et qui ne signifient pas systématiquement qu’il a faim.

Écouter les cris de l’enfant, (le soir au fond des bois…)

Un tout petit bébé pleure parce qu’il a un besoin ou parce qu’il cherche à dire quelque chose. Répondre à ses besoins est essentiel, mais tous les pleurs ne signifient pas la même chose. Il convient donc de ne pas y répondre de manière systématique et stéréotypée.

Si le parent ne tient pas compte des demandes de l’enfant, en essayant de le comprendre et d’y répondre au mieux, l’enfant risque de se renfermer dans sa coquille, et si la situation perdure, construira tout un système basé sur le fait qu’il sait qu’il ne peut rien attendre de l’extérieur. Les parents sont tranquilles, l’enfant ne pleure plus. Mais ils enferment l’enfant dans son monde mental, sans même s’en rendre compte.

Un enfant exprime toujours quelque chose

« Un enfant sage comme une image est tranquille, mais il est quelque part mort en lui. Si l’enfant n’a pas le droit d’exprimer ce qu’il ressent, si personne ne l’écoute dans ses larmes, ses rages ou ses terreurs, si personne ne valide ses sentiments, ne lui confirme que ce qu’il ressent, alors qu’il a le droit de ressentir exactement ce qu’il ressent, alors l’enfant peut aller jusqu’à effacer la conscience de ce qu’il éprouve réellement. Soit il ne ressent plus rien à l’intérieur, soit il éprouve une autre émotion « autorisée » en lieu et place de sa vérité. » Isabelle Filliozat, Au cœur des émotions de l’enfant.

Si cette attitude d’écoute, qui est essentielle à toute relation est mise en place très tôt, elle va servir de base et de ferment à la relation parent-enfant. Sans écoute, pas de relation durable, sincère, pas de retour, si ce n’est l’option coercitive que nous avons écartée dans le cadre de notre approche bienveillante.

L’écouter le rassure

Le simple fait d’écouter son enfant, va le rassurer et lui permettre de libérer ses tensions. Une écoute profonde permet à elle seule de le faire grandir et l’aide à affronter les difficultés de la vie. La pratique de la pleine conscience peut être d’une grande aide pour cette écoute profonde, et dans l’ensemble de nos relations avec les enfants.

« Écoutez votre enfant. Écoutez ce qu’il vous dit par ses cris, mais aussi par ses comportements, ses attitudes, voire ses troubles. Ce qu’il ne sait pas vous dire par des mots, il l’exprimera par des symptômes. Pas de panique, c’est un langage. Il s’adresse à vous, sa mère ou son père, et vous pouvez apprendre à communiquer. Il est vrai que le langage de l’enfant n’est pas toujours simple à décoder. Si derrière ses pleurs ou ses symptômes il y a toujours une détresse, elle n’est pas forcément évidente à entendre. » Isabelle Filliozat, Au cœur des émotions de l’enfant.

2/ Comprendre

La deuxième étape est de parvenir à comprendre les besoins, les désirs du petit-enfant. Comme nous l’avons vu ci-dessus, il n’est pas forcément aisé d’interpréter le sens des pleurs de l’enfant. Mais ne pas les prendre en compte, ou considérer systématiquement qu’ils signifient que l’enfant a faim est non seulement erroné, mais ne permet pas de construire une relation basée sur la confiance réciproque.

CQuand l’enfant se sent compris, il se sent forcément rassuré. ela ne veut pas forcément dire qu’il faut accéder à tous ses désirs. Mais cela veut dire qu’il faut les prendre en compte, sans infantiliser, sans rabaisser, sans forcément trop expliquer non plus.

Les cris, les pleurs et les “caprices” sont des modes d’expression de l’enfant

« Tout comportement exagéré et surtout systématique, qu’il soit d’agressivité ou de passivité extrême, de dépendance excessive à la mère ou de jalousie abusive, d’incapacité de se concentrer ou d’opposition systématique, tout cela a une motivation. Une émotion est bloquée, ou un besoin est caché.

Le bébé n’a pas les mots pour dire les choses. Son premier langage est le cri. Peu à peu, il va apprendre à parler. Mais ce qu’il ne pourra dire par des mots, il continuera à le dire par des cris, de la rage, des pleurs et autres refus de coopérer. Il n’est pas si simple de formuler ce qui se passe en soi. L’enfant ne comprend pas forcément ce qui lui arrive. Il a l’impression qu’il est interdit d’en parler. Il a peur des réactions de ses parents, de leur colère, il craint de leur faire de la peine.

Les parents nomment facilement « caprices » ou « comédies » ces cris ou ces attitudes qu’ils ne savent pas interpréter. C’est terrible pour un enfant quand il n’est pas entendu, quand ses suppliques sont réduites à des mots dévalorisants. Il n’existe pas de caprices. Il s’agit d’un langage, il y a un message à décoder.

Ne pas écouter les cris ou les comportements de refus, ne pas les respecter comme un langage, ne pas chercher à en comprendre le sens, refuser d’entendre ou banaliser enferme l’enfant à l’intérieur de lui. » Isabelle Filliozat, Au cœur des émotions de l’enfant.

3/ Accepter (respecter)

Il faut ensuite accepter ce que l’enfant cherche à nous communiquer, que ce soient des besoins, des désirs ou des expressions de l’enfant. Les accepter veut dire ne pas vouloir les changer à tout prix pour les faire correspondre à ce que nous souhaiterions voir chez eux, pour des raisons pratiques, ou des raisons de valeurs.

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Accueillir, accepter les émotions désagréables de ceux qu’on aime n’est pas simple. On voudrait qu’ils soient heureux. La tendance est souvent de minimiser ce qu’ils ressentent, de dire alors : « Ce n’est pas grave, tu n’as aucune raison de t’inquiéter ». (Catherine Gueguen, Vivre heureux avec son enfant)

L’enfant affirme sa personnalité

Au fur et à mesure que l’enfant grandit et en tout cas à partir du moment où il commence à parler, jusqu’à l’adolescence et encore après, l’enfant va s’affirmer par l’opposition.

Tout le monde connaît le stade du « non », qui est caractéristique d’un premier stade de maturation et d’affirmation de l’identité du petit-enfant. Il faut respecter ce non, c’est-à-dire respecter cette affirmation et cette expression de l’enfant comme un être unique à part entière, qui à juste titre s’affirme comme différent de nous.

Cette attitude d’opposition se retrouve inéluctablement à l’adolescence, et à ce stade également, l’adulte en formation a besoin d’affirmer ses choix, souvent en opposition avec ses parents. Mais cette opposition est saine, car l’individu a besoin d’un repère, l’opposition qu’il exprime, et qui doit être respectée, lui permet de construire sa personnalité.

« Un enfant bouscule forcément l’ordre établi par ses parents. C’est dans la nature des choses. Si ces derniers ne le laissent pas déranger leur ordre, s’ils continuent de « vivre comme avant », c’est-à-dire comme s’il n’était pas là, en ne changeant rien à leur mode de vie, il pourra conclure qu’il n’est pas important, voire qu’il n’a pas droit à son existence propre. Il pourra en concevoir un sentiment de honte (je dérange) ou d’infériorité (je ne suis pas à la hauteur). Un enfant a besoin de sentir qu’il est précieux, qu’il a sa place, qu’il est important et que ses besoins comme sa réalité sont pris en compte. » (Isabelle Filliozat, Au cœur des émotions de l’enfant.)

Cela veut dire qu’il faut leur laisser tout faire ?

Ce n’est pas pas parce que l’on ne crie pas, que l’on ne punie pas, que l’on ne rabaisse pas, qu’il faut laisser faire tout et n’importe quoi à l’enfant et à l’adolescent. Ce cliché de la parentalité bienveillante a la vie dure, comme s’il ne pouvait exister de juste-milieu entre la violence et le laxisme. Car enfin, s’il se sait compris, s’il est rassuré quand à ses capacités, l’enfant n’aura plus besoin de prouver son existence par des paroles ou des actions provocatrice, qui pourraient se révéler dangereuses.

En un mot, il faut accepter nos enfants tels qu’ils sont, même s’ils ne correspondent pas à l’image idéale que nous nous en étions faits. « Nos » enfants ne nous appartiennent pas. Et pourtant l’usage de l’article possessif reste très répandu et difficile à substituer. Il serait difficile de dire : « les enfants dont nous avons la charge de guider dans la vie ». Mais c’est bien ce que nous sommes : des rampes de lancement pour envoyer les enfants dans la vie.

Il est donc important de respecter les choix de l’enfant, même et surtout s’ils ne sont pas forcément en accord avec nos attentes et nos valeurs. Encore une fois, cela ne veut pas forcément dire que l’on ne peut pas affirmer les nôtres, mais encore une fois sans imposer.

« Respecter les émotions d’un enfant, c’est lui permettre de sentir qui il est, de prendre conscience de lui-même ici et maintenant. C’est le placer en position de sujet. Mais également, c’est l’autoriser à se montrer différent de nous. C’est le considérer comme une personne et non comme un objet, lui donner la possibilité de répondre à sa manière à la question : qui suis-je ? » (Isabelle Filliozat, Au cœur des émotions de l’enfant.)

3/ Prendre soin

Notre rôle de parents est évidemment de prendre soin de nos enfants, c’est-à-dire bien évidemment et dans un premier temps de répondre à leurs besoins fondamentaux : respirer, boire, manger, dormir. Mais aussi évoluer dans une ambiance chaleureuse et bienveillante, qui est aussi indispensable à l’enfant pour évoluer sereinement que de répondre à ses besoins physiologiques.

Prendre soin signifie donc répondre aux attentes, aux désirs de nos enfants. Ce qui nécessite évidemment de les écouter, de les comprendre et de les accepter. Ce n’est qu’à partir de là que nous pourrons les aider efficacement et réellement. Considérons par hypothèse, que même un petit-enfant ne fera pas ce qu’il n’a pas envie de faire.

Une solution envisagée pourrait être de « manipuler » l’enfant par des récompenses ou du chantage pour lui faire faire ce qu’on voudrait qu’il fasse. Mais cette attitude n’est pas saine. Et d’autre part, elle n’offre que des résultats à court terme.

Un enfant sage n’est pas forcément un enfant “heureux”

« Considérer comme important les besoins d’un enfant, le faire passer en premier, le respecter, ne signifient ni « lui laisser tout faire », ni « ne rien dire quand il abîme ou il casse quelque chose », c’est montrer ses émotions en continuant de l’aimer profondément et de le lui manifester » Isabelle Filliozat, Au cœur des émotions de l’enfant.

« Car l’enfant ne peut satisfaire seul ses besoins. Quand les adultes dont il dépend ne sont pas disponibles pour lui, parce que prisonniers de leur enfance, il est en grand désarroi. Pour survivre, se faire accepter, se faire aimer, les tout-petits acceptent très vite de se plier aux bonnes grâces de ceux qui s’occupent d’eux. Ils apprennent à ne plus pleurer si on ne vient pas les chercher. Ils répriment leurs besoins, leurs affects, deviennent « très sages » et font la fierté de leurs parents. Mais ce faisant, ils effacent leurs émotions et apprennent qu’ils ne peuvent pas faire confiance que le monde extérieur est a priori hostile.

En revanche, si le parent est attentif, il va pouvoir reconnaître les besoins de son enfant et les satisfaire. « Isabelle Filliozat, Au cœur des émotions de l’enfant.

4/ Encourager et soutenir

Tous les savoirs et les connaissances peuvent s’apprendre. À condition d’en avoir la volonté et la motivation, et donc d’avoir confiance en ses possibilités. C’est pourquoi le plus important est d’arriver à construire cette confiance en soi chez nos enfants, bien plus que de leur inculquer des sommes de connaissances ou de savoir-faire.

« Quand l’enfant dit avec enthousiasme : « J’ai envie d’essayer cela, de faire telle expérience », l’encourager à explorer, à découvrir, à vivre intensément, bien entendu en fonction de l’âge et de ce qu’il propose, lui donnera de l’allant, de la créativité et du plaisir à vivre. Quand il entend : « Tu vas te planter, tu n’y arriveras pas », la peur de l’échec l’inhibe totalement et il n’ose pas vivre pleinement. Encourager ses efforts est un vrai soutien et l’incite à ne pas se décourager malgré les erreurs, les échecs, les difficultés. Lui faire confiance, lui donner de la liberté l’aideront à faire les choix qui lui conviennent, à se connaître, à tâtonner, à se tromper, puis à rebondir pour trouver le sens qu’il souhaite donner à sa vie. »

Soutenir l’enfant, l’encourager font sécréter de l’ocytocine qui elle-même entraîne la production de dopamine, molécule cérébrale qui donne du plaisir à vivre, stimule la motivation et la créativité. Quand l’enfant va vers une activité avec enthousiasme, avec motivation, il décuple ses capacités d’apprentissages et les chances de réaliser son projet. (Catherine Gueguen, Vivre heureux avec son enfant)

La parentalité bienveillante au quotidien.

Il faut bien reconnaître que malgré toutes les bonnes intentions que nous pouvons avoir, et malgré tout l’amour que nous portons à nos enfants, il n’est pas toujours facile d’appliquer les principes de la parentalité bienveillante au quotidien.

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Le poids de notre propre éducation.

En premier, nous avons acquis des réflexes et des a priori de nos propres parents et de notre propre éducation. Combien de fois continuons nous à entendre : « Une bonne fessée n’a jamais fait de mal à personne. Moi, par exemple, j’en ai eu plein, et cela ne m’a pas tué ». Certes !

Mais nous appliquons sans nous rendre compte les mêmes réflexes éducatifs que nous avons reçu de nos parents. Nous les reproduisons sans forcément nous poser de questions quant à leur pertinence. Le plus dramatique dans cette histoire, est qu’en réalité nous instaurons des rapports de force que nous déplorons la plupart du temps dans nos relations quotidiennes avec les autres. Si nous faisions le parallèle entre notre relation avec nos enfants, et celle avec nos amis ou notre conjoint, nous nous apercevrions rapidement qu’il y a des mots que nous ne prononcerions jamais avec ces derniers. Pourquoi nous permettons-nous de le faire avec nos enfants ?

Alors, oui, il faut reconnaître que ce n’est pas facile de remettre en cause sa propre éducation, sa propre vision de l’éducation, ses propres réflexes conditionnés. D’autre part, il faut bien dire qu’il est souvent plus facile d’imposer, de crier, de rentrer dans les rapports de force, que de tenter d’avoir une réelle relation avec nos enfants où nous les considérons avec respect.

Encore une fois, l’idée n’est pas de se culpabiliser dès que nous haussons le ton, ou que nous nous sentons obligés de punir, ou parfois de frapper. Mais à contrario, ce n’est pas une raison pour valoriser cette manière de faire comme étant la meilleure.

La parentalité bienveillante et les apprentissages

Un enfant motivé, qui fait les choses avec plaisir, mémorise et apprend plus facilement.

« L’enfant apprend quand il est intéressé, motivé. Il ne mémorise pas, ne réfléchit pas quand on instaure des rapports de force, qu’il est sous la contrainte, stressé, fatigué. L’enfant a un besoin vital de jouer, de se détendre, d’avoir d’autres activités que du travail dit « scolaire ». Le jeu est non seulement un grand plaisir pour l’enfant mais un moyen indispensable pour apprendre, apprivoiser ses peurs, ses difficultés, progresser et se structurer psychologiquement.

Jouer, rire, s’amuser, grimper, courir sont indispensables et font maturer le cerveau. Dans ces moments-là, une molécule appelée le BDNF est secrétée et assure le bon développement du cerveau intellectuel et affectif. À l’inverse, le stress diminue le BDNF cérébral.” (Catherine Gueguen, Vivre heureux avec son enfant)

La parentalité bienveillante comme modèle de société.

Nous reproduisons naturellement le modèle qui nous a été appris et inculqué par nos parents. Aussi bien vis-à-vis de nos enfants, que dans le cadre de nos relations sociales. La contradiction intervient aujourd’hui entre le modèle familial et le modèle social. La loi interdit de donner des punitions et des fessées aux enfants. Mais l’ensemble de la société, à savoir les règles qui régissent les relations au sein de l’entreprise, comme vis-à-vis de l’état sont principalement punitives et coercitives. D’où la réflexion de certains éducateurs, voire de certains proviseurs : « cela va leur apprendre la vie ». Comme si recevoir des coups et des baffes aidait à grandir. Mais il faut reconnaître la logique de ce raisonnement : autant les confronter le plus tôt possible à la violence, puisqu’ils y seront confrontés un jour ou l’autre. Mais ce raisonnement ne fonctionne pas.

Et si nous prenions le raisonnement à l’envers. Et si c’était l’ensemble de la société et des rapports sociaux basés sur les rapports de forces qu’il faudrait envisager de changer. « Belle utopie ! » Allez-vous me répliquez ! Pour ceux qui n’ont pas voyagé et qui ne connaissent pas les autres modes éducatifs certainement. Mais pour ceux qui connaissent le mode d’éducation nordique, et en particulier suédois, ils appliquent depuis longtemps ce modèle, et les rapport sociaux s’en trouvent miraculeusement transformés, comme nous le montre Marion Cuerq dans son film : “Si j’aurais su, je serai née en Suède”.

Les limites de la parentalité bienveillante

La parentalité bienveillante ne doit pas pour autant devenir une attitude figée, une posture systématique. En tant que parents, nous restons avant tout des êtres humains, avec notre histoire, nos défauts et aussi nos faiblesses. Nous pouvons viser la perfection, mais nous ne devons pas nous juger si nous ne l’atteignons pas. C’est pourquoi les règles de la parentalité bienveillante doivent rester un guide. Elles ne doivent pas devenir un contrainte supplémentaire que nous nous imposons, ou pire, que nous pourrions imposer aux autres. Il n’est pas question de nous servir de ces règles pour nous juger nous-mêmes ou pour juger les autres.

L’autre question sous-jacente est évidemment de savoir si nous devons faire passer les besoins de nos enfants avant les nôtres ou au contraire les nôtres avant ceux de nos enfants. La réponse étant certainement de trouver un équilibre entre nos propres besoins, ceux de notre couple, de notre vie sociale et de nos enfants. Mais comment trouver cet équilibre ? C’est un jeu de construction quotidien pour que la balance ne penche pas trop d’un côté ou de l’autre. Et c’est de toute façon purement subjectif.

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Appliquez la bienveillance aussi à vous-mêmes

En fait, soyez également bienveillants envers vous-mêmes. Et plus précisément soyez bienveillants envers l’enfant qui sommeille en vous. Celui qui est encore présent, ou celui que vous avez été. Peut-être avez-vous été blessé, peut-être n’avez-vous pas reçu tout l’amour que vous attendiez de vos parents. Donnez-le vous aujourd’hui, pour pouvoir le donner à vos enfants. Et réciproquement.

Nous attendons souvent un retour de la part des enfants. Et il arrive parfois d’avoir l’impression de ne pas être payé en retour. Nous faisons évidemment beaucoup d’efforts qui ne semblent pas toujours récompensés. Car il faut bien reconnaître que la parentalité bienveillante n’est pas une attitude facile. Elle demande du temps. Elle demande aussi de pouvoir remettre en cause nos propres attitudes et nos propres valeurs. Alors il faut bien admettre que nous les trouvons parfois ingrats. Mais c’est le lot de tous les parents. Il faudrait pourvoir arriver à donner l’exemple, et même à leur donner ce que nous avons de mieux à leur offrir, sans rien attendre en retour.

Pour aller plus loin :

Catherine Gueguen, Vivre heureux avec son enfant :

Isabelle Filliozat – Au cœur des émotions de l’enfant :

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