Notre premier contrôle pédagogique
Je vous racontai dans un précédent article notre première année d’école à la maison. Et je vous faisais par de mon étonnement de ne pas avoir de nouvelle de l’Inspection Académique pendant toute l’année. Nous pensions déjà passer à côté du contrôle pédagogique. Mais quelle n’a pas été ma surprise ! Un beau matin, le dernier jour de juin, pour être exacte, mon portable a sonné. Et je crois bien avoir cumulé toutes les erreurs possible de la débutante en IEF qui ne connaît aucun des ses droits !!
Une convocation par téléphone, la veille pour le lendemain !
Nous nous pensions tranquille, en vacances, et nous imaginions être passé au travers des mailles de l’inspection académique ! Nous étions le 30 juin !! J’imagine que vous auriez pensé la même chose !
Donc, ce jeudi 30 juin à 9 h 30, je suis réveillée par un appel masqué sur mon portable. La nuit avait été difficile car Scooby-doo était malade. D’habitude, je ne réponds pas aux appels masqués, mais là, je n’étais pas bien réveillée ! Et quelle ne fut pas ma surprise : c’était la conseillère pédagogique de l’Inspection Académique de notre commune.
Soit-disant, elle ne me téléphonait que maintenant car ils avaient été prévenu tard de notre situation. Vous imaginez mon étonnement vu que j’avais reçu de leur part, le 20 octobre, les certificats de scolarité d’instruction à domicile des enfants…!
Rendez-vous pour le contrôle pédagogique de la veille au lendemain !
Elle souhaitait nous voir le lendemain à 9 heures ! Vendredi 1er juillet. (Oui oui, vous avez bien lu ! Elle m’appelait la veille pour le lendemain ! ) J’étais paniquée… car nous n’étions pas libres ce vendredi ! Nous devions aller à la Cité des enfants et j’avais déjà payé les places. (En fait, j’étais paniquée à l’idée de leur dire que j’étais vraiment désolée, mais que vraiment, je ne pourrais pas venir demain !! – (1ère erreur de ma part)
Du coup, rendez-vous est pris chez eux, dans les bureaux de l’inspection académique pour le lundi 4 juillet à 9 heures. (Car dans sa grande bonté, elle avait accepté de reporter le rendez-vous au 4 juillet alors que ça ne l’arrangeait pas… Et moi de remercier plusieurs fois et de m’excuser encore !!!) Je n’ai pas droit à beaucoup d’explications sur la manière dont ce contrôle pédagogique va s’organiser, elle me dit simplement de prévoir qu’il me faudra revenir à 14 heures, et me demande d’apporter « leurs écrits ».
Première matinée du contrôle pédagogique.
Lundi 4 juillet 2011. Nous y voilà. Les enfants sont un peu stressés, surtout Zia qui se réveille avec mal au ventre. Elle est blanche, mais je ne lui montre pas qu’elle a une tête épouvantable pour ne pas accentuer le phénomène.
Leur cartable à roulette de l’année précédente est plein ! Ils y ont glissé leurs gros classeurs de cours.
Nous arrivons à 8 h 50, après seulement 10 minutes de bus. Et heureusement, nous avons trouvé facilement le lieu de l’examen.
On nous accueille gentiment, les enfants sont mis à l’aise. On leur explique qu’ils vont être chacun dans une partie du bâtiment, qu’on va leur donner des évaluations à faire, qu’ils pourront les déranger si besoin.. Esteban va faire les évaluations nationales que tous les CE1 ont eues et Zia aura des exercices de CM1.
Et premiers doutes !
Je comprends, sans qu’on me le dise franchement, que je ne reste pas avec eux. Je pose alors la question… « Non, revenez d’ici 2 heures ». (2e erreur – accepter de laisser mes enfants seuls, avec des inconnus, sans avoir pu étudier les tests qu’ils allaient avoir !)
Voilà, je me retrouve dehors. Je me tourne vers cette porte qui vient d’engloutir mes petits, que je sais face à des inconnus, face à des évaluations, des tests écrits, oraux, un 4 juillet à 9 heures du matin. J’en ai les larmes aux yeux ! Et je vous avoue, que le simple fait de vous le raconter, j’en ai une boule dans la gorge.
À 11 h 15 ils me téléphonent pour me dire qu’ils m’attendent. Je retrouve mes enfants. Esteban est détendu, Zia pas vraiment. La conseillère pédagogique m’informe que les enfants doivent revenir à 14 heures… ( 3e erreur !! – accepter qu’ils reviennent l’après midi alors qu’ils ont déjà planché sur des exercices pendant 2 heures ! ) Bon… Il est 11h40, le temps de rentrer et il reste 1h20 pour déjeuner, se détendre !
Et c’est reparti pour un après-midi !
Je me retrouve de nouveau « à la porte » à 14 heures. Ce coup-ci, je ne rentre pas. J’ai pris un bouquin, je m’installe dans le parc qui se trouve juste derrière. Je repense à la brève conversation que j’ai eue avec la conseillère pédagogique. Je lui disais que Zia était très angoissée ce matin, que l’année dernière elle avait mal au ventre tous les matins en partant à l’école et plus encore les jours d’évaluation. Que c’était aussi pour lui épargner ça que j’avais pris la décision de faire l’IEF. Savez-vous ce qu’elle m’a répondu ? Que je ne rendais pas service à ma fille. Que je la privais de choses importantes ! Je suis restée muette.
Elle m’a téléphoné à 14 h 45 pour me dire qu’Esteban avait fini. Je suis allée le chercher dans la minute qui a suivi cet appel ! Nous sommes restés dans le parc où il a joué, couru, rigolé. On m’avait dit de revenir à 16 heures. C’est ce que j’ai fait, mais Zia (ma pauvre puce) n’avait pas fini. Elle était interrogée à l’oral en Histoire. Il fallait qu’on revienne à 16 h 15 !
Fin du contrôle pédagogique.
À 16 h 15, cette dure journée était enfin terminée pour mes loulous. C’était à mon tour ! J’étais convoquée par la conseillère pédagogique et l’inspectrice. J’allais enfin pouvoir expliquer comment s’était passée cette année, ce que les enfants et moi avions fait, nos réussites, nos difficultés…. STOP !! J’ai dû oublier un instant que j’étais à l’inspection académique !!
L’inspectrice m’a tout de suite dit qu’il serait préférable que Zia retourne à l’école, qu’elle avait beaucoup de lacunes… Elle n’avait rien su dire en Histoire à part que Louis XIV était un roi de France. Et en anglais, elle n’en savait pas été plus bavarde que son frère. En bref, elle n’avait pas le niveau CM1. Elle n’avait rien à dire sur le travail effectué au cours de l’année, tout était bien organisé… peut-être un peu trop scolaire à son goût. (!!!!!)
Esteban avait bien réussi dans l’ensemble, mais il aurait fallu qu’ils apprennent plus de poésie et de chansons. « C’est très important pour faire travailler la mémoire. »
Et premiers retours !
Pour résumer leur propos, il était préférable que je remette les enfants à l’école, car les enseignants sont formés pour ça, qu’il y a des choses qu’on ne peut apprendre qu’à l’école, que l’éducation doit être séparée de l’instruction, que l’enfant doit subir une autre autorité que celui de la mère…
À ce moment-là de l’entretien, j’ai dû avoir un éclair de lucidité, parce que j’ai dit à l’inspectrice : « Si ce contrôle pédagogique est négatif, il doit y avoir un autre contrôle avec notification des points à améliorer avant qu’on m’impose de rescolariser mes enfants, n’est ce pas ? » Elle a un peu perdu de son sourire suffisant et m’a répondu « oui…, je vois que vous connaissez les textes de loi. » (Oui… pas suffisamment à mon goût car j’ai senti que si j’avais été plus sérieuse, toute cette mascarade n’aurait jamais eu lieu.) Mais bon, on apprend de ses erreurs, n’est-ce-pas ?
Nous attendons le rapport de l’inspection !
Je n’ai jamais reçu le rapport de ce contrôle pédagogique. J’aurais aimé savoir ce qu’ils avaient donné comme exercices à faire à mes enfants ! Pour l’oral d’histoire, Zia m’a raconté que la dame lui avait posé cette question : « Que peux-tu me dire sur l’Histoire, tu te souviens de quoi ? » Je comprends qu’elle n’ait pas su dire grand chose ! Je trouve la question un peu vague pour une gamine de CM1, pas vous ? !! Quant à l’oral d’anglais ce fut « Qu’est-ce que tu connais comme mots en anglais ? » (!! sans commentaire !)
Ils ont été évalués pendant 4 h 30 sur un niveau de connaissance et non sur ce qu’ils avaient fait cette année-là. Ce qui est normalement l’objectif du contrôle. Moi, je n’ai même pas eu l’opportunité d’ expliquer ce que j’avais mis en place. Aujourd’hui encore, je suis en colère après l’Éducation Nationale et après moi !
Dans l’attente de recevoir le rapport de ce 1er contrôle pédagogique, et consciente de toutes les erreurs que j’avais cumulées, je me suis penchée avec plus de sérieux sur les lois et nos droits de parents, instructeurs de leurs enfants. J’avais adhéré à l’association « Les enfants d’abord » et j’ai pris contact avec une responsable relais (Les relais répondent localement aux personnes intéressées par l’instruction en famille, et créent aussi des contacts entre les familles d’une même région.)
Vers de nouvelles pédagogies.
Elle a accepté de me rencontrer après m’avoir rassurée et conseillée de ne rien faire tant que je n’avais pas reçu le rapport de l’Inspection.
Cette femme, qui était mère de 7 enfants dont 5 en IEF m’a fait découvrir tout un monde qui se cachait derrière l’univers de l’instruction en famille ! Elle m’a montré comment elle abordait les apprentissages avec ses enfants, âgés de 9 mois à 18 ans ! En quelques rencontres, elle a bouleversé ma manière de voir. Et j’ai ensuite totalement réorienté ma manière de procéder. Et ce grâce à ce contrôle catastrophique que je ne voulais surtout pas reproduire.
Mais je vous raconterai tout cela dans mon prochain article.
Nota bene :
Ce contrôle a eu lieu il y a presque dix ans. Les textes et les réglementations ont légèrement évolué depuis. Il vous appartient donc de vous renseigner pour savoir ce que vous avez ou non le droit de faire, et surtout ce que vous pouvez refuser. Cet article est le récit d’une expérience. Il ne se veut en aucun cas un conseil juridique. Pour tout conseil juridique, les adhérents de l’association LED’A ont la possibilité de se faire assister par des juristes.
Coucou, merci d’avoir partagé ton expérience ❤️ rien qu’en te lisant j’ai pu ressentir cette petite tristesse, contente que tu t’es servit de cette malencontreuse expérience pour la transformer en positive ! Hâte de lire la suite …
Ahem… déjà 10 ans… et déjà des abus. Il y a 10 ans, notre contrôle s’était déroulé dans de toutes autres conditions (nous avons vécu des contrôles très différents). On ne le répétera jamais assez : indispensable de connaître les textes de loi. 🙂