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Les 6 règles d’or des apprentissages

Les apprentissages des enfants ressemblent à un mécanisme facile et naturel. D’ailleurs, il suffit d’aller à l’école pour apprendre ! Et comment fait-on pour apprendre à l’école ? Une personne est debout, et elle parle, parle, parle… et les enfants bien sages sont assis et ils boivent avidement ces paroles qui leur apporte tout son savoir lentement accumulé. Et tout ce qu’elle dit rentre naturellement dans les têtes de nos chers enfants, et c’est ainsi qu’ils apprennent, tout naturellement.

Mais tout n’est pas aussi simple, car les apprentissages c’est pas automatique… Les connaissances et les apprentissages ne se transmettent pas aussi facilement, sinon, nous aurions des quantités de petits génies. Or, la réalité est bien différente. Car apprendre d’une part, et transmettre d’autre part ne correspond pas tout à fait au mythe qu’il suffit d’aller à l’école pour devenir intelligent. Les apprentissages sont des processus complexes, dont il faut respecter les conditions et les étapes, au risque de voir tout le soufflé retomber. Nous allons nous attarder sur quelques conditions qui nous semblent indispensables pour que des apprentissages puissent avoir lieu ? Ces 6 règles d’or mises en pratiques permettent aux apprentissages – quel qu’ils soient – de se transformer en savoir. Nous n’abordons pas encore le processus de mémorisation et de restitution qui feront l’objet d’autres articles.

Ces règles d’or sont valables pour toutes les sortes d’apprentissages, cela peut-être des apprentissages scolaires, dans le cadre de l’école ou non, mais aussi des apprentissages d’autres disciplines comme les disciplines sportives ou musicales, ou comme les études, les révisions, etc.

Première règle d’or des apprentissages : être attentif

Cela paraît évident au premier abord, si l’apprenant n’est pas attentif à ce qui se passe, où s’il fait autre chose, pas d’apprentissages possible. Mais la capacité d’attention de tout un chacun est limitée. Celle des enfants encore plus. Il est facile d’être présent physiquement, mais de laisser vagabonder ses pensées, de rêver, de penser à autre chose.

L’attention n’est pas exactement la même chose que la concentration que nous verrons plus loin. L’attention est la capacité à être réceptif à la réalité extérieure ou intérieure par l’intermédiaire de nos cinq sens. Elle permet d’intégrer les informations que l’on reçoit. Mais malheureusement, il est difficile de maîtriser consciemment son attention. De nombreux facteurs peuvent la favoriser, ou au contraire la restreindre.

Voici quelques pistes pour rester attentif :

1/ dormir suffisamment, mais aussi avoir des temps de pause, de rêverie

Dormir est évidemment un facteur indispensable pour pouvoir être attentif et mémoriser efficacement, nous l’avons vu dans notre article « comment favoriser les apprentissages ? ».

On pense souvent que quand on ne fait rien, le cerveau ne travaille pas. C’est une grossière erreur. Notre société tend à nous faire croire qu’il faut tout le temps être en mouvement, s’agiter, faire quelque chose, histoire d’« être productif ». Mais le cerveau a besoin de faire des pauses, pour pouvoir traiter, trier, organiser les informations qu’il reçoit. Et c’est ainsi qu’il pourra ensuite les stocker, et les restituer en temps utiles. Ce n’est pas en continuant à verser de l’eau dans un bol rempli à raz bord qu’il pourra contenir plus. Le cerveau est un organe comme l’estomac qui a besoin de « digérer » ce qu’on lui fournit. Si vous le « gavez »… il fait une indigestion et rejette tout.

C’est pourquoi le sommeil tout d’abord, mais aussi les moments de pause, de rêverie, sont indispensables. C’est dans ces moments-là le cerveau trie, réoriente, organise, et stocke ce qu’il vient d’apprendre. Alors on ne s’en rend pas compte, parce que ce n’est pas conscient. Mais si l’on pouvait admettre que ce qui passe par notre conscience ne représente qu’une partie infime de tout ce qui se passe dans le cerveau et le reste du corps ! On laisserait le cerveau, et aussi nos enfants plus tranquilles. Car s’ils sont tout le temps sollicités, il ne peut pas travailler ! C’est pourquoi les temps de pause, de rêverie, de fainéantise même sont importants, voire indispensables, justement pour pouvoir faire le tri des informations, et avoir de nouvelles idées.

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2/ Pratiquer la pleine conscience

De plus en plus d’écoles commencent à introduire la pratique de la pleine conscience dans la routine quotidienne des élèves, notamment à Lorgues. Et plusieurs études montrent que la pleine conscience améliore l’attention, mais également la concentration des enfants et par conséquent leurs apprentissages.

L’apprenant doit être pleinement présent, de l’intégralité de son être : corps, cœur, esprit, cerveau. Et non pas seulement « présent au sens où les professeurs l’entendent habituellement. Cette pleine présence peut-être acquise par des techniques de pleine conscience. Elles permettent d’augmenter la concentration et l’attention dans l’instant présent. Si l’apprenant « n’est pas là », il n’apprendra rien, quels que soient les modes d’apprentissages.

« L’attention est une compétence essentielle pour développer un esprit critique et, fait intéressant, c’est aussi une compétence essentielle pour cultiver une intelligence émotionnelle et nous aider à mieux réguler nos réactions émotionnelles. Lorsque la pensée est complétée par l’attention, elle est plus puissante, plus profonde, ce qui renforce notre confiance dans ce que nous savons et nous permet, du moins nous l’espérons, d’améliorer notre capacité de reconnaître ce que nous ne savons pas. » Thich Nhat Hanh –  Un prof heureux peut changer le monde.

3/ Respecter les rythmes biologiques de l’enfant

Tous les êtres vivants sont soumis à des rythmes biologiques qui vont ordonner les périodes de veille et de sommeil, mais aussi de vigilance et d’attention.

D’après l’Académie de Grenoble : « Le niveau de vigilance des enfants est le plus bas entre 8h30 et 9h30 et entre 13h30 et 14h30, il augmente à partir de 10h jusqu’à 11h ou 11h30 suivant l’âge et la charge de travail, il remonte à partir de 15h. En PS et en CP la vigilance optimum se situe plutôt vers 10h et fléchit en fin de matinée, l’heure de l’endormissement spontané en PS se situe vers 12h 12h30. En GS le pic de vigilance se décale vers 11h et l’heure d’endormissement vers 13h puis entre 13h et 13h30. Du CE1 jusqu’en CM2 la vigilance s’élève vers 10h et reste élevée jusqu’à la fin de la matinée. L’état de vigilance est très fortement influencé par les perturbations du rythme veille sommeil, l’intensité et la durée de l’attention demandée dans les périodes précédentes, le degré de maîtrise de la tâche. »

« Ce n’est pas la distribution des activités qui importe, mais le type d’apprentissages mis en œuvre : les exercices d’automatisation, de renforcement ; de répétition auront lieu pendant les moments de moindre vigilance, les notions nouvelles (quelles que soient l’activité ou la discipline) seront abordées pendant les moments de vigilance accrue. Certes, la motivation peut masquer l’apparition de ces différents états de vigilance, mais au prix d’une réelle fatigue. Le problème des rythmes n’est pas la distribution des activités de l’école dans la journée, mais la prise en compte des fluctuations des états de la vigilance pour organiser l’enseignement. »

4/ mobiliser tous les sens,

L’apprentissage fait appel à tous les sens, nous y reviendrons. Mais en ce qui concerne l’attention, l’enfant sera d’autant plus en éveil, que tous ces sens sont mobilisés. Or les cours magistraux ne mobilisent que l’ouïe, avec une tendance soporifique. Une des premières solutions est bien évidemment d’associer des images aux mots, photographies, films, reportages, s’ils ne sont pas trop longs permettent de capter l’attention. Mais il ne faut pas hésiter à faire bouger, à se déplacer, à mettre en situation, à créer des scénettes, à mimer. Mais aussi pourquoi pas à faire sentir des odeurs, ou goûter des saveurs pour aider à mémoriser. Rien de mieux que de goûter une spécialité d’un pays ou d’une région pour se souvenir ne serait-ce que du nom du pays.

5/ Faire du sport et/ou de l’exercice physique,

Nous avons vu dans notre article « Comment favoriser les apprentissages ? » que le sport est une condition indispensable de la mémorisation. Mais les activités sportives permettent également de favoriser la concentration. Une étude scientifique danoise publiée en 2012 révélait que les enfants qui se rendaient à l’école à vélo ou à pieds étaient meilleurs élèves et beaucoup plus concentrés que ceux qui prenaient la voiture ou les transports en commun. Car l’activité physique permet de mieux oxygéner le cerveau et incite à secréter des hormones liées à l’attention comme la dopamine (liée à l’attention, à la motivation et au plaisir), de la sérotonine (liée à l’humeur, l’estime de soi et l’apprentissage) et de la norépinéphrine (liée à l’éveil, l’attention et l’humeur).

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Ainsi, les activités physiques ne devraient pas être une simple option pour tous les élèves, quel que que soit leur âge. D’après François Trudeau, consacrer plus d’heures à l’activité physique en milieu scolaire améliorerait la performance scolaire des élèves, même en retranchant des heures à l’enseignement des autres matières.

6/ Avoir un environnement adapté

Le cadre dans lequel sont effectués les apprentissages est également un élément à ne pas négliger. De nombreux paramètres rentrent en ligne de compte comme le bruit, le rangement, mais aussi la température. En effet, selon une enquête réalisée par YouGov auprès de 16 000 personnes dans 14 pays d’Europe et d’Amérique du Nord, la température idéale y serait de 20-21 degrés pour les hommes, et de 24/25 degré pour les femmes (oui, les besoins sont différents en fonction des sexes).

Le contexte social est important aussi, il est important de s’entourer de personnes positives et encourageantes, aussi bien dans ses amis que dans ses fréquentations.

2e règle d’or des apprentissages : être concentré

L’attention et la concentration sont directement liées et complémentaires.

La concentration, quant à elle, permet de rester focalisé en occultant tout ce qui pourrait nous distraire de la tâche que nous sommes en train d’accomplir. Contrairement à l’attention, la concentration est volontaire, et peut se travailler.

La concentration permet à l’apprenant de se concentrer sur une tâche précise jusqu’à ce qu’elle soit terminée. Nous avons vu que notre capacité d’attention est limitée. Il est donc parfaitement illusoire de vouloir la dépasser.

Il est donc important de mettre en place des procédures pour permettre à l’enfant de contrôler lui-même la gestion de son activité :

1/ Faire des pauses,

Il est conseillé de ne pas dépasser des périodes de travail de 25 minutes, puis il faut faire une pause.

C’est déjà vrai pour l’adulte, or l’enfant n’a pas des capacités d’attention plus élevées que les adultes. Il est par exemple possible d’utiliser la méthode Pomodoro mise en place par l’italien Cirillo. L’idée est de se focaliser totalement sur une seule tâche pendant 25 minutes, pas plus ! Pour cela, on utilise un minuteur de cuisine, puis on fait une pause de 2 ou 3 minutes. Au-delà, on ne peut plus mémoriser. Pour utiliser une métaphore informatique, c’est comme si la mémoire vive du cerveau devait être sauvegardée toutes les 25 minutes, sinon elle ne peut plus rien stocker.

On peut enchaîner deux cycles de travail de 25 minutes et petite pause, puis il est nécessaire de faire une pause plus longue. Vouloir demander à un enfant une capacité d’attention plus longue est improductif.

2/ Contrôler ses émotions

Les émotions négatives comme la colère, l’envie, la frustration, peuvent être un frein direct pour la concentration et par conséquent bloquer les apprentissages. Il est difficile pour un enseignant de connaître les émotions ressenties par les enfants, comme pour les parents qui font l’école à la maison. Or, c’est presque ce dont nous devrions nous soucier en premier. Il est évident que l’enfant doit être dans un état d’esprit, dans une émotion, qui lui permette d’être réceptif aux apprentissages. Or, les enfants, encore plus que les adultes, ont du mal à maîtriser leurs émotions. Tout d’abord, parce qu’on ne leur a pas appris.

Il est donc important, voire essentiel de faire le point régulièrement avec l’enfant, sur son état émotionnel. « Comment te sens-tu aujourd’hui ? ». En lui donnant les moyens de répondre réellement à cette question, et de lui accorder suffisamment de temps pour qu’il se sente en confiance. Cela peut être un complément très utile et complémentaire aux exercices de pleine conscience.

3/ Mettre en place un projet divisé en objectifs simples.

Avoir une direction ou un but à atteindre, plus ou moins lointain, peut-être une bonne source de motivation, qui va donc favoriser la concentration. Cela peut aller de lire un livre en entier, en passant par la construction d’un meuble ou de tout autre objet, un voyage, une pièce de théâtre, la réalisation d’une œuvre picturale, etc.

4/ Permettre aux enfants de bouger

Certains enfants ont besoin de pouvoir bouger, se déplacer, adopter une autre position qu’assise pour pouvoir se concentrer, ou rester concentrer. Rester toujours dans la même position est ennuyeux et ne facilite pas la concentration.

Il faut accepter que l’enfant puisse se tortiller, s’étirer, se déplacer et changer de place. Alors c’est sûr que c’est plus facile dans le cadre de l’instruction en famille que dans une classe, alors autant en profiter.

3e règle d’or des apprentissages : être curieux

La curiosité, c’est ce désir de comprendre, cette envie d’apprendre, cette soif de découvertes et d’expériences qui est présente en chacun de nous.

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Alors oui, on parle souvent de la curiosité chez l’enfant, comme le Graal, comme quelque chose de magique. Et oui, c’est effectivement quelque chose qu’il faut favoriser et encourager, mais surtout ne pas la tuer.

La curiosité se nourrit d’elle-même. Mais elle a besoin de pouvoir vivre librement, sans être dirigée. Autrement dit, il ne faut pas donner trop de réponses toutes faites à l’enfant, et encore moins des réponses d’adultes. Il faut laisser à l’enfant le temps de se poser les questions, et de tenter d’y répondre par lui-même. Alors seulement la réponse donnée par l’adulte sera écoutée. À condition qu’elle ne dépasse pas la demande de l’enfant (cf les apprentissages autonomes)

Pour ce qui est de favoriser la curiosité ludique chez l’enfant, l’idée est d’utiliser son attrait pour le jeu pour le guider vers des apprentissages. Sans jamais essayer de le leurrer, bien évidemment.

4e règle d’or des apprentissages : être motivé

Comprendre ce que l’on fait et pourquoi on le fait. Et aussi voir des résultats concrets de nos apprentissages, rien de plus motivant.

Par contre rien de plus démotivant d’apprendre « parce qu’il le faut », ou « pour ne pas être au chômage quand on sera plus grand ». Ce ne sont pas des raisons que l’enfant peut intégrer.

Il est important que l’enfant puisse lui aussi se fixer ses propres objectifs, en tenant compte de ses limites.

Pour cela, il est possible de gamifier les apprentissages. Comme nous l’expliquons, nous utilisons Habitica avec Scooby-Doo. Cela marche de temps en temps, sans être non plus la solution miracle. Car Scooby-Doo a trouvé comment hacker le système et augmenter ses gains sans réaliser concrètement ses tâches !!

5e règle d’or des apprentissages : expérimenter

Rien de plus rébarbatif qu’un apprentissage théorique, qui n’est corrélé à rien. Par contre, rien de plus motivant que d’expérimenter par soi-même. Je ne dis pas de faire des expériences de chimie, ou de disséquer des grenouilles tous les jours. Mais les apprentissages sont trop souvent envisagés comme la restitution (même retravaillée) de ce qui a été trouvé dans un livre.

Rien de plus enrichissant, pour l’enseignant, comme pour l’apprenant, de découvrir et d’expérimenter une discipline en même temps que les élèves. Alors évidemment, pas à l’école… mais dans l’idéal.

D’autant plus que l’expérience permet de faire des erreurs. Or, c’est le meilleur moyen d’apprendre ! En tout cas le jour où l’on arrêtera de toujours stigmatiser celui qui se trompe. Celui qui ne dit rien, ne tente rien, ne fait rien, ne se trompe qu’une seule fois. Il n’y a que ceux qui se trompent qui peuvent avancer. Les erreurs devraient au contraire être récompensées.

6e règle d’or des apprentissages : se faire plaisir

Apprentissages avec plaisir

La seule manière d’enclencher un cercle vertueux des apprentissages, c’est d’arriver à y prendre du plaisir. Personne n’aime naturellement souffrir, sauf à y être obligé et conditionné. Les apprentissages fait dans le plaisir permettent de construire cette spirale positive.

Les apprentissages par le jeu respectent effectivement l’ensemble de ces règles. En effet, ils permettent à l’enfant de rester attentif et concentré. Il est motivé et actif, il reste curieux, il expérimente. Il peut bouger et s’arrête quand il veut.

Une multitude d’idées, de choix, de supports, de ressources vous permettent de mettre en place ces 6 règles d’or des apprentissages !

Voici quelques exemples :

  • jouer à des jeux de plateau pédagogiques,
  • concevoir un Lapbook pour réveiller la curiosité,
  • jouer aux échecs,
  • pratiquer le soroban avec « la méthode soroban« ,
  • s’amuser avec des jeux de société (Le Lynx est parfait pour favoriser la concentration, Le Loto des Odeurs que nous avons détourné est efficace pour relier l’odorat et les apprentissages),
  • Explorer le monde scientifique en se lançant dans des petites expériences,
  • se plonger dans un escape-game, des jeux de piste, ou autres chasses au trésor.
  • faire des mots-fléchés, des sodokus ou tout autres jeux un peu cérébral et qui favorise la concentration et le calme.

Et vous comment faites-vous pour aider vos enfants à rester attentifs et à se concentrer ? Faites-nous part de votre expérience dans les commentaires.

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